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19 novembre, en lui demandant « un mémoire à consulter qu’il puisse communiquer au Nestor de la médecine, le vénérable J.-P. Franck : Franck connaît personnellement l’Empereur, lui a donné des conseils autrefois[1] et est le médecin du prince, son fils. » Malgré qu’il prit ainsi ses dispositions, Foureau ne se décida pas à suivre le conseil de Las Cases et à partir sans délai : il crut devoir attendre du cardinal Fesch les directions qu’il lui avait demandées.

Bien lui en prit : par une lettre du 5 décembre, Fesch fit savoir à Las Cases qu’ayant vainement attendu une réponse à la lettre qu’il avait écrite à Corvisart, — lequel gravement atteint d’apoplexie en 1815, ayant eu deux nouvelles attaques en 1817, était incapable d’écrire et, disent les biographes, passait son temps à attendre la mort, — il s’était déterminé à éliminer Foureau, malgré la recommandation expresse et réitérée de la reine de Westphalie. « Nous avons pensé, écrit-il, qu’il était de notre devoir de chercher un chirurgien habile, parce que c’est un chirurgien qu’on demande à Sainte-Hélène, un jeune homme plein de talent qui se perfectionnera même dans la médecine. D’ailleurs, nous avons été effrayés de la demande que nous faisait M. Foureau d’amener sa femme qui est (une) servante qu’il avait à l’île d’Elbe, avec une femme de chambre et un domestique. L’incertitude si tout ce monde pourrait convenir nous a fait penser qu’il ne devait pas être préféré par nous. Toutefois, je lui écris que, si son zèle le portait à se rendre auprès de son ancien maître, nous applaudirions à sa résolution et que, malgré qu’il y eût un chirurgien, son zèle pourrait être utile a l’Empereur. »

A l’homme éminent qui a été honoré de la confiance de l’Empereur et dont il se débarrasse par une calomnie, Fesch préfère un personnage au moins inattendu : « Dans l’incertitude, écrit-il, de trouver un chirurgien français, nous avons décidé à se rendre à Sainte-Hélène un chirurgien corse[2] qui a été le premier élève du célèbre Mascagni, professeur à Florence, et il est occupé dans ce moment à faire imprimer les ouvrages posthumes de son maître. Il était aussi employé en second dans l’Académie chirurgienne de Florence où il

  1. En 1809.
  2. Antommarchi était né en Corse, soit : mais il existe de lui toute une série de documens où il se proclame le sujet du grand-duc de Toscane, « le très humble serviteur et sujet de Son Altesse Impériale et Royale. »