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au plus tôt. Foureau, l’un des meilleurs élèves de Corvisari, avait été choisi, en 1810, pour être l’un des quatre médecins de la Maison et de l’infirmerie impériale servant par quartier. Il avait fait près de l’Empereur, ne le quittant ni le jour, ni la nuit, la campagne de 1814 ; il était à Fontainebleau et fut inscrit pour 30 000 francs sur la liste des gratifications quasi testamentaires ; il suivit Napoléon à l’île d’Elbe où il entra chaque jour davantage dans sa confiance ; il l’accompagna en France et lit les étapes comme un soldat, chirurgien-major du bataillon de la Délivrance ; il fut, durant les Cent Jours, Premier médecin en titre et inscrit comme tel sur les états ; vainement, après la dissolution de la Chambre par les Prussiens, tenta-t-il de rejoindre l’Empereur ; en vue de se tenir constamment à la disposition de son maître et de n’être point empêché de se rendre aux ordres qu’il pourrait recevoir, il quitta la France et se rendit en Autriche : Jérôme le recueillit dans sa maison où il retrouva Planat, l’ancien officier d’ordonnance, avec lequel il se lia d’intimité.

Aussitôt qu’il fut informé que « le cardinal venait d’être autorisé par lord Bathurst à adresser à l’Empereur un aumônier et un prêtre de son choix, » Las Cases, le 9 octobre, écrivit de Manheim à Planat, afin qu’il en donnât connaissance « au brave et digne docteur Foureau, pour qu’il en écrivit sans retard au cardinal, si son cœur le portait à un aussi noble et aussi touchant dévouement. » Le 29 octobre, Planat envoya la lettre de Las Cases au « bon Foureau ; » « j’espère, écrit-il à Las Cases, qu’il prendra le parti que je m’estimerais heureux, mille fois heureux, de prendre à sa place. » Le lendemain, la reine Catherine mande à Madame : « Dans le cas où la nouvelle qui se répand serait fondée, nous vous proposerions comme médecin M. Foureau de Beauregard qui avait suivi l’Empereur à l’île d’Elbe et que vous connaissez. Il est attaché à notre service. Connaissant parfaitement la constitution de l’Empereur, il nous paraîtrait préférable à tout autre… Il consent avec plaisir à remplir une si digne vocation. » Point de réponse. Las Cases n’a pourtant aucun doute que Foureau ne soit agréé : il écrit le 13 novembre à Planat : « Je pense que le brave docteur devrait se mettre en route sans délai sur Francfort ou Bruxelles, avant que les nobles soins auxquels il se dévoue attirassent l’attention. » Foureau d’ailleurs n’est pas moins convaincu. Ce n’est pas une faveur qu’il demande ; « je réclame ma place » écrit-il à O’Meara le