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Alors, sans plus chercher, Fesch et Madame pensent qu’il faut se résoudre à renvoyer en Angleterre le vieil abbé que l’Empereur avait désigné en partant de Malmaison pour le rejoindre où il se trouverait et qui, s’étant rendu à Londres, ne put pas obtenir de passeport pour se rendre à Sainte-Hélène. « Ce prêtre, écrit Fesch à Las Cases, est aussi corse, anciennement curé dans le Mexique et qui se rendit de Corse à l’île d’Elbe pour se dévouer au service de l’Empereur qu’il suivit à Paris en qualité d’aumônier de Madame. Ce prêtre, il est vrai, a souffert un accident, parfois il ne peut pas s’exprimer ; mais il jouit de la confiance de l’Empereur. Il n’est pas plus infirme qu’il était quand il fut choisi à Paris ; il est plein de courage et de dévouement et il est habitué aux chaleurs de la zone torride et aux traversées de l’Atlantique. » Le cardinal vicaire a vainement fait observer à Fesch que le grand âge du sieur Buonavita, aggravé encore par une attaque d’apoplexie, ne permettait pas de supposer qu’il fut d’un grand secours à la colonie de Sainte-Hélène, mais l’on n’a rien eu à objecter à sa conduite, attestée par les témoignages de ses supérieurs ecclésiastiques et le suffrage des autorités religieuses de Rome où il est établi depuis plusieurs années et, s’il plaît au cardinal Fesch de désigner un homme presque en enfance, ne parlant que l’italien et l’espagnol, ennemi ne des principes gallicans puisqu’il a exercé son ministère seulement en Espagne, au Mexique et au Paraguay, cela, peut-on dire, le regarde seul.

De même qu’il lui adjoint un certain abbé Vignali qui dit avoir travaillé pour être médecin, après avoir terminé à Rome ses études théologiques. Il est sur tous les points d’une ignorance sans remède ; mais il est au moins dévoué à son illustre compatriote et il s’est offert spontanément pour lui rendre les services en son pouvoir.

L’argument majeur présenté par Fesch en faveur de Buonavita était que « l’Empereur, à Malmaison, l’avait désigné pour le rejoindre où il se trouverait ; » — cela était vrai ou faux, en tout cas on n’en trouve confirmation nulle part, — mais, décisif lorsqu’il s’agit du prêtre, cet argument est inopérant pour le médecin.

Au moment où il quitta Malmaison, l’Empereur donna ordre à son premier médecin, le docteur Foureau de Beauregard, de terminer la session à la Chambre des Représentans où il avait été élu par l’arrondissement de Loudun et de le rejoindre