Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/685

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commandement qu’il laissait à l’un de ses brigadiers, le général Hoskins. Le glorieux Sud-Africain était appelé à Londres au grand conseil de guerre et à la conférence des Dominions. En février 1916, lorsqu’il prit le commandement, les Allemands étaient maîtres de toute leur colonie de l’Est Africain ainsi que d’une partie du territoire britannique. Onze mois après, il ne reste plus à l’ennemi qu’une minuscule région à l’Est et au Sud-Est où se rassemblent les fuyards que la brousse avait épargnés. Ils n’ont plus ni une ville, ni un port, ni un mètre de rail, et le roi d’Angleterre pouvait, alors, écrire au lieutenant général Smuts, à l’ancien adversaire boer : «… Je veux vous remercier pour les services précieux que vous venez de rendre à l’Empire. » L’empereur d’Allemagne faisait savoir à ses troupes africaines : « Quel que soit le sort que Dieu réserve à ces héros, la patrie se rappelle avec une légitime fierté ses enfans qui luttent dans l’Afrique lointaine. »

Mais, bien que les points de départ des armées anglaises et belges fussent éloignés de 900 kilomètres, il faudra finalement opérer leur liaison. Les soldats du général Tombeur occupèrent, d’abord, une position de couverture au Sud et à l’Est de Tabora. puis leur réorganisation et celle du territoire conquis vinrent retarder le jour où se rencontreraient toute l’armée anglaise et toute l’armée belge.

Quant aux Portugais dont la fortune fut souvent inégale, ils eurent à livrer maints combats, aux mois d’octobre et de novembre. Finalement, ils tiennent solidement fermée la seule issue par où l’ennemi pourrait fuir en gagnant les maquis du Mozambique. Le ministère des Colonies, à Lisbonne, s’occupe avec un soin tout particulier du ravitaillement des troupes du général Gil. Si son aide militaire n’est pas d’une importance offensive de premier ordre, il faut reconnaître cependant que le Portugal autorisa quatre fois les troupes britanniques à traverser le territoire du Mozambique, ce qui facilita considérablement leur tâche.

Au point de vue strictement militaire, la conquête de l’Afrique Orientale allemande apparaît comme un magnifique exemple de liaison entre de multiples colonnes semées à travers un espace immense et dont quelques-unes se dédoublèrent au cours de la campagne. La parfaite convergence des efforts était rendue difficile, aussi bien à chaque groupe de colonnes qu’à