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illimité. S’agit-il d’obtenir des renseignemens, il s’exposera des nuits entières aux risques de la brousse et des sentinelles qui veillent et s’épargnent les sommations répétées. Faut-il amener des vivres, il y pourvoira, car les réserves ne sont utilisées qu’en cas d’extrême besoin. Le portage lui est imposé sous toutes ses formes, dût-il même périr sous l’excès du poids et des fatigues.

Ainsi toute la frontière est puissamment organisée et défendue. Ruanda et Bukoba, Usumbara et Urundi, autant de provinces qu’il fallait conquérir une à une, et où les attaques de front sont presque irréalisables. Et ce sera, désormais, une lutte à mort pour la possession de ces territoires. Par une marche concentrique, les colonnes du général Tombeur vont refouler l’ennemi pied à pied et la coordination de mouvemens exécutés à d’aussi grandes distances les uns des autres sera, d’ailleurs, au point de vue tactique et stratégique, la plus grande difficulté de toute la campagne.

Général-major, commandeur de l’Etoile africaine, de Saint-Michel et Saint-Georges, Tombeur fait partie du corps spécial d’état-major ; ancien officier d’ordonnance du roi Albert, la déclaration de guerre le trouva vice-gouverneur général du Katanga. C’est un colonial dans toute la force du terme. Grand et mince, d’un caractère extrêmement froid et calme, résistant à tous les imprévus, il possède surtout la qualité essentielle du chef, une volonté de fer. Toute sa carrière en est une preuve vivante, depuis le jour où il débutait au IIe régiment de ligne pour passer, ensuite, à l’Ecole de guerre. Tombeur ignore ces petites finesses, marque distinctive des faibles ; aussi par sa droiture et son profond esprit de justice, par sa loyauté surtout, s’est-il conquis l’estime et la confiance de tous ses soldats.

Le commandant en chef dispose ses troupes en trois colonnes principales, dont l’une confiée au lieutenant-colonel Moulaert constitue la base commune et formera corps de débarquement le jour où la flottille belge dominera le Tanganyka. La brigade Sud, composée des 1er et 2e régimens, commandée par le colonel Olsen concentre ses forces sur la rivière Ruzizi qui forme trait d’union entre les lacs Tanganyka et Kivu. La brigade Nord[1]sous les ordres du colonel Molitor

  1. Comprend les 3e et 4e régimens.