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troupes de l’Ougauda, car, malgré ses défenses naturelles, la rivière peut être forcée en trois endroits : vers le ferry de Kageye où, en temps normal, un service de pirogues établit un va-et-vient entre les deux aboutissemens d’un passage très fréquenté ; puis aussi vers Migera et encore près des chutes de Rusomo. Trois à quatre cents fantassins surveillent ces passages. Enfin, plusieurs centaines d’hommes patrouillent sur la route de Tabora à Bukoba. Leur centre est à Biaramulo, poste militaire de l’Usuwi.

Au Sud du Ruanda, s’étend la province de l’Urundi qu’occupent au moins sept cents fantassins. Ils y sont aussi très pourvus de mitrailleuses et d’artillerie, et sous les ordres du major von Langen qui défend surtout le chef-lieu, Kitega. Entre le Kivu et le Tanganyka une rivière, la Ruzizi, déroule son long ruban d’azur et forme ligne frontière ; aussi sa rive Est se trouve-t-elle étroitement surveillée. Il n’est pas un seul passage que ne commande le feu fauchant d’au moins une ou deux mitrailleuses.

Enfin, descendant plus au Sud, le Tanganyka est surtout solidement défendu à Usumbura, Ujiji et Kigoma, et d’une manière générale les Allemands ont très bien organisé toute la rive qui leur appartient. Sur le lac Victoria, une place importante, Muanza, est considérée par l’ennemi comme imprenable. Mais le centre véritable de toute la résistance se trouve à Tabora, devenue après la chute de Dar-es-Salam la capitale de l’Est Africain. C’est le réduit de toutes les forces dont on vient de constater la présence à l’Ouest, face aux Belges.

Pour atteindre la capitale, deux routes principales s’offrent aux nôtres : l’une vient de Biaramulo, au Nord, l’autre descend de Muanza, au Nord-Est. Elles sont couvertes par une série de positions redoutables et surtout celles de Maria-Hilf, de Saint-Michaël et de Shinyanga. Sur chacun de ces points se trouvent des magasins de réserves bourrés des produits les plus variés. D’ailleurs, il n’est pas une seule ligne de communication, fùt-elle même d’importance secondaire, qui ne soit munie de dépôts où les vivres pour noirs et les munitions se trouvent en abondance. Chacun d’eux est contrôlé d’une façon sévère, car la méthode allemande, incontestable source de force, demeure toute-puissante ici tout autant qu’en Europe. D’une manière générale, l’indigène doit aux Germains un concours