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Lol-Kissale, Umbugwe (ou Kothersheim) et Salanga. Le 19 du même mois, après une marche de 250 kilomètres, elle atteignait Kondon-Irangi, centre important proche du chemin de fer. Tout en avançant, van Deventer délivre de nombreux fermiers boers établis autour du Kilimanjaro et que l’ennemi avait enlevés avec toute leur famille. Dix jours après, des raids fructueux permettent de capturer plusieurs convois de munitions et un troupeau de mille têtes. À ce moment, la IIe division, se trouvant en présence de forces ennemies considérables, demeure sur place et pendant la première quinzaine de mai repousse les furieuses contre-attaques du général von Lettow-Forbeck, tout en maintenant ses positions.

Cette campagne est remplie d’incidens pittoresques. Si l’Allemand seul avait disputé aux troupes britanniques des terres pourtant si pénibles à conquérir, l’avance eût été plus rapide. Mais les pluies tropicales, véritables cataractes qui inondent la contrée, la transforment en un vaste bourbier. Et que de difficultés pour le ravitaillement dont les convois s’enlisent et doivent, quoi qu’il en coûte, couvrir chaque jour d’immenses parcours ! Il faut alors réduire les rations et que le soldat se contente d’une tasse de riz et d’un simple morceau de canne à sucre.

Chaque colonne se rattachait à l’arrière par une ligne télégraphique dont le rôle, parfois, devenait capital, absolument indispensable même à tous ses projets. Mais des hardes de girafes parcourent la plaine et de leurs longs cous accrochant les fils coupent les communications entre l’arrière et le front. Pour s’en débarrasser, il fallut constamment organiser de grandes battues. Et cet inconvénient ne fut pas le seul. Un jour, l’ennemi renvoyait courtoisement des blessés anglais. On s’en étonna. Bientôt, on sut qu’ils étaient chargés de dire que la présence des lions offrait un réel danger pour les camps, la nuit. Ainsi, en vit-on trois à la fois dans les lignes britanniques. Et c’est au général Sheppard qu’il arriva de se trouver, dans sa tente, en face d’un énorme python qui fut tué non sans peine.

Sur ces entrefaites, la Ire division attaque la ligne de l’Usambura[1]qui s’amorce au port de Tanga et par la vallée

  1. Commencée en 1893, elle valut des déboires à ceux qui l’entreprirent. Les premiers kilomètres ayant absorbé tout leur avoir social, l’Etat dut se substituer à eux et termina les 352 kilomètres auxquels, plus tard, on en ajoutait encore 86 autres.