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détruit ou dispersé, le chemin de fer de l’Ouganda, jusqu’alors constamment menacé, s’en trouve mis à l’abri et la large base qu’il donne à toute l’offensive de Smuts est assurée.

À cette époque, le Times appréciait ainsi la situation : « Il nous reste, écrivait-il, un compte à régler à Tanga où une attaque anglaise tournait en désastre, en novembre 1914[1]. La nouvelle campagne de l’Est-Africain (reprise en février 1916) a commencé sous les meilleurs auspices, mais nos forces sont à une longue distance de la capitale, Dar-es-Salam, et du chemin de fer central qui réunit cette ville à Tabora et au lac Tanganyka. Les Allemands doivent vite comprendre que les jeux sont faits ou qu’ils ne peuvent plus faire qu’une guerre de guérillas. Dans les deux cas, l’issue est certaine. »

En même temps, une note officieuse publiée à Berlin voulait préparer l’opinion à la perte pour l’Allemagne de sa dernière colonie. « On ne peut guère douter, était-il dit, que le commandement de l’armée britannique, après ses échecs du début, a maintenant entrepris une attaque sur une large échelle et avec des forces bien supérieures… »


SECONDE PHASE DE L’OFFENSIVE SMUTS

Aux premiers jours d’avril 1916, les troupes prennent quelques jours d’un repos qu’elles avaient bien mérité et attendent des renforts. Les travaux du génie, poussés énergiquement, ont permis de réunir l’embranchement greffé sur le chemin de fer de l’Ouganda à Thoschi, c’est-à-dire là où commence la voie ferrée allemande vers Tanga. Dès lors, des communications faciles sont établies. Le général Smuts regroupe ses forces en trois divisions et attache à chacune d’elles une brigade montée. La 1re commandée par le général Hoskins s’emparera du chemin de fer Kahe-Tanga. La IIe avec le brillant cavalier qu’est van Deventer marchera sur le Tanganykabahn, en direction générale de Kilimatinde. Enfin, le général Brits avec sa IIIe division se tiendront en réserve autour de Moschi pour parer à toute éventualité.

La IIe division s’ébranle dès le début d’avril, enlève successivement, grâce à la rapidité de ses troupes montées, Arusha,

  1. Nous y avons fait allusion dans le récif des opérations défensives — avant février 1916.