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des troupes anglaises par des raids incessans contre la ligne de l’Ouganda et celle de Voi-Maktau.

Le major général Tighe, — à ce moment encore commandant en chef, — voulut, d’abord, écarter ce péril mais il engagea vainement une double action à cet effet, et c’est à ce moment critique qu’arriva le nouveau chef de toute l’expédition, le lieutenant général Smuts. « Jannie, » ainsi qu’aiment à l’appeler ses amis, eût certes préféré à la gloire le bonheur de vivre entre ses livres et ses beaux chevaux dans la terre qu’il possède près de Pretoria. Mais il dut remplacer sir Horace Smith-Dorrien nouvellement promu à ce commandement et que la maladie retenait à Bombay. Une fois de plus, bien qu’il eût d’abord refusé ce poste élevé, le ministre de la Guerre du Cap va se révéler aussi bon soldat qu’il est remarquable homme d’Etat., En outre, dans cette occasion, la Grande-Bretagne se montre admirable politique. Depuis plusieurs années, en effet, un antagonisme croissant renaissait au Cap entre Boers et Anglais : aussi de quelle habileté profonde ne fut-il pas de nommer un Boer commandant en chef des forces impériales !

Débarqué à Mombassa le 19 février, — sept jours après son départ du Cap, le lieutenant général Smuts — réclame d’abord de son prédécesseur Tighe un exposé de la situation ; après quoi, il part immédiatement inspecter les lignes. Sa conclusion est qu’il faut, sur-le-champ, attaquer la région du Kilimanjaro, sans perdre un jour, car le temps presse et la saison des pluies approche. Smuts écarte en principe toutes les attaques de front, car l’expérience des derniers mois en avait trop prouvé la coûteuse inefficacité dans un pays aussi fortement défendu par la brousse.

Il peut disposer, aussitôt, d’environ 20 000 hommes et 6 000 animaux de transport. Avec la Ire division[1], concentrée à Longido, il veut apparaître entre le Kilimanjaro et le Meru, vers Arusha, prenant ainsi à revers les défenses allemandes. Une colonne[2], sous les ordres du général van Deventer, ferait un mouvement tournant contre la colline de Salaila, que la IIe division[3]du major général Tighe attaquerait de front. —

  1. La Ire division, moins la 1er brigade de cavalerie sud-africaine.
  2. 1re brigade montée sud-africaine et 3e brigade d’infanterie sud-africaine.
  3. Moins quelques détachemens. — En réserve générale, destinées à intervenir suivant les circonstances, se trouvent la 2e brigade d’infanterie sud-africaine, une batterie de campagne et une batterie de bowitzers.