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ne vint affaiblir les troupes. Dans leur corps sain les soldats gardèrent un cœur généreux.

Les moyens d’action transportés à pied d’œuvre, il restait à en fixer l’emploi. Un pays, deux fois grand comme l’Allemagne, représente un périmètre énorme. Défendu par une nature sauvage, souvent hostile, il semblait capable d’absorber des armées entières. Aussi fallut-il d’abord on déterminer la partie vitale, puis la proposer au commun effort des Alliés. Ce fut le grand chemin de fer central qui déroule ses 1 250 kilomètres entre l’océan Indien et le Tanganyka[1]. Sur ces entrefaites, le Portugal se range à nos côtés et, par le fait même, le cercle qui va entourer, puis étreindre la dernière possession ennemie se trouve fermé. Elle tombera devant une quintuple attaque qui s’échelonne ainsi : au Nord, le lieutenant général Smuts avec ses cinq brigadiers : sir C. Crewe, van Deventer, Hoskins, Brits et Hannington ; à l’Est, l’escadre britannique, renforcée du croiseur portugais Adamastor, sous les ordres d’un amiral, qui, entre autres, occupe les ports côtiers ; au Sud, le général portugais Gil, puis la colonne du Nyassaland commandée par le général anglais Northey et le colonel Hawthorne ; enfin, à l’Ouest, le major général belge Tombeur et ses seconds, les colonels Olsen et Molitor et le lieutenant-colonel Moelaert. Par une action convergente ils refouleront l’ennemi vers le centre de sa colonie et l’y battront d’une manière définitive.


OPÉRATIONS DES COLONNES SMUTS

Au moment où va commencer l’offensive générale, les Allemands occupent une étendue considérable du territoire britannique. A Taveta, ils ont construit un fort camp retranché que précèdent les positions d’arrêt de Salaita (El-OIdorobo). A Seregenti, encore un camp retranché et dans Mbuyuni de solides avant-postes. En outre, à Kasigau, une garnison forte de plusieurs centaines d’hommes cherche à retarder la concentration

  1. En 1906, quand l’Allemagne modifiait sa politique coloniale, elle créa un ministère nouveau dont le chef fut M. Dernburg, homme d’une remarquable ténacité. Le Tanganykabahn, commencé en 1904, devait être terminé dix ans après, à la veille de la guerre. Un syndicat financier y engagea, d’abord, 21 000 000 de marks, puis encore 60 000 000. Son inauguration coïncidait à peu près avec la déclaration de guerre et le kronprinz devait s’y rendre.