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500 000 marks. La mise avait ainsi rapporté, — déjà, — cent pour cent !

Telle est en raccourci l’origine de l’immense possession qu’Anglais et Belges viennent d’arracher à l’Allemagne. Ils ont ainsi parfait le travail commun des Alliés, car la perte de l’Est Africain, c’est le dernier coup de cloche de cette longue sonnerie qui lugubrement a résonné dans le cœur de nos ennemis. En Chine, ce fut la capitulation de Kiaou-Tcheou ; en Océanie, la perte des îles Samoa, de la Nouvelle-Guinée et des terres de l’Empereur-Guillaume ; en Afrique, la ruine du labeur germanique avec la chute successive du Togoland (27 août 1914), du Sud-Ouest africain (8 juillet 1915) et du Cameroun.

Il ne s’agit pas, et cela va sans dire, de mettre en parallèle la situation militaire hors d’Europe avec celle de nos pays. Il s’agit encore bien moins de vouloir soutenir ce paradoxe que nos succès d’outre-mer compensent nos charges actuelles d’envahis. Mais il convient, et c’est notre unique dessein, de préciser l’incontestable utilité de ces résultats, l’héroïsme au prix duquel ils furent atteints, l’effet immédiat et aussi à venir de pareilles conquêtes.

Avant de suivre cette campagne caractérisée par la plus inconstante fortune, surtout au début et rendue intéressante par des incidens romanesques, demandons à l’Allemagne elle-même le sentiment que lui inspire sa défaite coloniale.

Le 17 mai 1916, donc, à une date toute récente, sous la présidence du duc Jean-Albert de Mecklembourg, la Société coloniale allemande tenait une importante réunion dont voici la conclusion recueillie sur les lèvres du secrétaire d’Etat des Colonies, le docteur Solf. « Sans une politique coloniale active, déclarait-il, l’épanouissement économique de l’Allemagne ne peut être imaginé. » Puis, dans une lettre adressée au même personnage princier, le même homme d’État écrivait, le 2 septembre dernier : « Je partage tout à fait cette idée que l’Allemagne, sur la base d’une empire fort et bien assuré contre ses ennemis, n’a pas moins besoin, pour le pacifique et libre développement de son activité économique, d’une flotte protégeant contre tout empêchement notre commerce sur mer, que d’un domaine colonial nous dispensant le plus possible de payer tribut à l’étranger pour les matières premières réclamées par notre agriculture et par notre industrie. » Puis encore : « Nous restons