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LA « SWANZE » BRUXELLOISE : LES JOURNÉES PATRIOTIQUES

Donc, depuis le premier jour de l’occupation, l’esprit frondeur des Bruxellois s’était élevé contre la tyrannie allemande. Le conflit entre cet esprit d’indépendance et de moquerie, d’une part, et le système policier allemand, d’autre part, n’a jamais cessé, et ce fut un duel sans trêve, des escarmouches continuelles, un trait piquant lancé à bon escient, une raillerie parfois même un peu triviale… La « swanze » bruxelloise, comparable, — quoique souvent plus lourde, il faut le reconnaître, — à ce que les Français appellent la « blague, » à l’humour anglais ou au « kidding » américain, se donna libre cours. Dans cette vie journalière de vexations et de terrorisme, ne faut-il pas lutter contre soi-même pour conserver courage et espoir, ne faut-il pas aiguillonner ses forces, ne vaut-il pas mieux rire que de se laisser abattre et donner ainsi satisfaction à l’ennemi qui systématiquement cherche à vous déprimer ? Et nul ne songera à nous blâmer de cette verve et de cet esprit de satire sans cesse dirigés contre l’oppresseur !

Et vous, chers avions de nos alliés, combien vos visites nous apportèrent de joie et d’espoir ! Je te vois encore, hardi petit oiseau qui vins le premier survoler notre capitale. Tu volais là, bien haut, en plein firmament, dans le midi d’un beau dimanche d’octobre ou de novembre, et nous ne pouvions deviner que tu étais un des nôtres. Mais la canonnade dirigée contre toi ne tarda pas à nous renseigner. Alors, nous te suivions des yeux avec amour, avec angoisse… Le danger que tu courais nous inquiétait, nous tremblions pour toi à chaque coup de canon qui faisait éclater dans l’azur du ciel, de-ci, delà, à gauche, à droite de ta petite coque rapide, les nuages blancs qui pouvaient te donner la mort…

Quel bel éclair de joie aussi quand nous apprenions l’entrée en lice d’un nouvel allié ! Nous avions vécu dans une telle incertitude relativement aux projets des neutres ! Intervention de l’Italie, de la Roumanie ! Ces jours-là comptèrent parmi les plus beaux de notre longue période de souffrances. Il y en eut pourtant de plus beaux encore ! Les voici.

Pour moi, la journée du 21 juillet 1915, anniversaire de