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même sobriété d’effets, l’auteur se demande ce qui reste à faire… Il y a lieu de se féliciter d’un concours dont les conditions ont été aussi heureusement remplies. » Les qualifications de maturité et d’autorité nous révèlent suffisamment que le mémoire n° 2 émanait de la plume de Paul Leroy-Beaulieu, malgré ses vingt-quatre ou vingt-cinq ans.

Un autre prix du Budget, que M. de Parieu avait fait réinscrire sur le programme de 1862, est encore attribué à Paul Leroy-Beaulieu, le 30 avril 1870. Le sujet : « De l’administration locale en France et en Angleterre, » fait aborder à notre ami les questions administratives et financières, qu’il enseignera plus tard en maître. « L’œuvre, dit le rapporteur Cauchy, émane d’un esprit ferme, sensé et circonspect. » Ce seront bien toujours là ses qualités essentielles.

Le sujet du troisième prix de cette année 1870 pénètre plus avant dans le domaine des finances, puisqu’il est ainsi libellé : Des impôts fonciers considérés dans leurs effets économiques. Hippolyte Passy constate de nouveau chez l’auteur « une véritable puissance d’analyse et une rare pénétration. »

Enfin, le 19 mars, quatrième succès de cette même année 1870, avec le prix Léon Faucher, dont le sujet concernait Le Système colonial des peuples modernes.

Personne ne pouvait mieux juger un tel concours qu’Emile Levasseur, géographe et économiste, qui comble d’éloges l’auteur du mémoire couronné. Ce mémoire portait l’épigraphe suivante : « La fondation des colonies est la meilleure affaire dans laquelle on puisse engager les capitaux d’un vieux et riche pays. »

Telle fut, en effet, la thèse que Paul Leroy-Beaulieu ne cessa de développer toute sa vie, dans ses articles de l’Économiste français, du Journal des Débats et de la Revue des Deux Mondes, et dans les six éditions de son grand ouvrage en deux volumes, de 700 pages chacun, traduit en espagnol et en italien, intitulé : La Colonisation chez les peuples modernes. Il s’est toujours très justement vanté d’avoir été un ardent colonisateur et c’est à vingt-trois ou vingt-quatre ans que sa propagande avait commencé !

L’œuvre tout entière de Paul Leroy-Beaulieu se trouve ainsi en germe dans ses travaux de jeunesse, comme va le montrer, plus amplement encore, sa collaboration, dès 1869 et 1871, à la Revue des Deux Mondes et au Journal des Débats.