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taux normal de la période de paix. À ce moment, si l’armateur n’a pas amorti la différence entre le prix de revient et la valeur réelle de ses navires, son capital sera compromis.

En outre, depuis trente mois que dure la guerre, la question du paiement des réquisitions de navires n’a pas encore été réglée. Bien plus, un projet de loi a été déposé qui tend à la réquisition totale de la flotte commerciale et des services des armateurs et de leur personnel. Il est inutile de souligner les inconvéniens, les dangers et les responsabilités que cette nouvelle immixtion de l’État en matière de réquisition pourrait entraîner. Pour l’instant, nous nous bornerons à constater que ce n’est pas par l’extension d’un régime qui a déjà tant affaibli notre industrie qu’on peut espérer la voir se relever. Les armateurs avaient souhaité au contraire que le tonnage réquisitionné fût restreint par l’attribution à la France de 70 000 tonneaux de jauge brute environ sur la flotte de commerce allemande saisie par le gouvernement portugais dès le 23 février 1916. Des communiqués à la presse ont fait état de cette attribution et la déréquisition d’un tonnage correspondant avait même été envisagée au département de la Marine. Il n’en a rien été.

Nos chantiers de constructions navales sont-ils, du moins, capables de nous procurer les navires que nous sommes impuissans à trouver à l’étranger ? Oui, certainement, si on leur donnait la main-d’œuvre et les matières premières nécessaires. Le gouvernement s’est préoccupé, en effet, d’ouvrir des crédits pour la réfection de notre flotte. Je ne veux pas m’étendre sur ce sujet non plus que sur celui de la main-d’œuvre qui pourrait, je crois, facilement être résolu par une entente avec le département de la Guerre, mais qui reste secondaire tant que le problème de l’approvisionnement en têtes n’aura pas été résolu.

Ce n’est un secret, hélas ! pour personne que l’occupation du bassin de Briey, de nos charbonnages et des principales régions qui contenaient nos hauts fourneaux produisant la tête commune, nous a mis dans l’impossibilité momentanée de suffire aux besoins de nos chantiers. Chercher à augmenter notre production en exploitant des gisemens nouveaux ou en développant notre puissance d’extraction dans les mines existantes est évidemment un but à rechercher avant tout. Dans cet