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La Ligue navale italienne, que présidait alors l’amiral Bottolo a tenu des réunions, élaboré des programmes, stimulé les ministres, secoué l’opinion. Un sénateur, qui est en même temps un économiste et qui a succédé à l’amiral Bottolo à la présidence de la Ligue lorsque l’amiral est mort, M. Maggiorino Ferraris, a donné une forte impulsion à ce mouvement et a poursuivi l’étude des mesures propres à doter l’Italie d’une marine marchande en rapport avec ses nécessités.

Sur ces entrefaites, les sous-marins austro-allemands, qui n’avaient jusqu’alors guère fait de victimes que dans les flottes commerciales française et anglaise, se sont mis à couler des navires italiens en assez grand nombre. Cet affaiblissement de la marine marchande italienne du fait des torpillages e.st devenu une raison de plus pour le public de réclamer des mesures propres à reconstituer la flotte commerciale.

Quand le Cabinet Boselli succéda au Cabinet Salandra, un nouveau ministère fut créé sous le nom de « Ministère des transports maritimes et par voies ferrées » et, dans ce nouveau département, un sous-secrétariat de la marine marchande fut institué. Le président du Conseil, M. Boselli, dans sa déclaration à la Chambre, prit l’engagement de réaliser les vœux formulés en faveur de la reconstitution de la flotte de commerce. Il a tenu parole.

Dans le courant d’août dernier ont paru un certain nombre de décrets ayant pour but de favoriser l’achat à l’étranger et la construction de navires dans les chantiers italiens. Voici, grosso modo, en quoi consistent les mesures édictées par ces décrets. Tous les vapeurs (cargos) au-dessus d’un tonnage déterminé, achetés à l’étranger par les armateurs italiens, sont exonérés de tous droits de nationalisation ou autres. Les matières premières destinées à la construction de ces cargos, mis en chantier en Italie pendant la guerre et dans un délai déterminé après la guerre, sont affranchis de tous droits de douane. Ces mêmes navires bénéficient, en outre, de l’exonération des taxes à payer à l’État, qui consent enfin des facilités (avances de fonds, etc.) aux armateurs et aux constructeurs.

Peu de temps après la promulgation de ces décrets, M. Runciman, ministre anglais du Commerce, vint en Italie et tint des conférences avec son collègue italien, M. de Nava. Dans un discours prononcé au banquet offert par la Chambre de