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qu’ils traversent en ce moment. Tout le monde voulait faire de l’armement et de l’exportation, et des fortunes extravagantes furent ainsi réalisées. Il est aussi curieux de constater qu’on en revient en Amérique aux armemens pratiques de commerce maritime, au temps où le négociant était son propre armateur. Les grandes firmes américaines semblent vouloir reprendre cette tradition, et adopter les méthodes de la Compagnie des Indes.

On juge, par ce que nous venons de dire, de l’importance des enrichissemens présens et futurs de la flotte de commerce américaine. Le Gouvernement a, d’ailleurs, compris tout le parti qu’on pouvait tirer, pendant et surtout après la guerre, d’une marine marchande puissante. Tous ses projets tendent à en favoriser le développement. L’Etat se préoccupe même d’empêcher toute coalition qui tendrait à nuire à la libre concurrence de ses navires marchands. Le nouveau Ship Purchase Bill porte, en son article 26, que le Board aura le droit et le devoir de procéder à des enquêtes sur les mesures prises par les Gouvernemens étrangers pour favoriser ou entraver les navires américains trafiquant avec l’extérieur, et d’intervenir, le cas échéant, auprès desdits États. Mais la décision récente de l’Amérique de rompre avec nos ennemis nous fait espérer que celle-ci consentira, durant la paix, à unir ses efforts à ceux des Alliés pour combattre une concurrence qui s’affirme comme devant être aussi brutale, pour tous, sur le terrain économique que sur les champs de bataille.

Les chiffres suivans donneront une idée des résultats obtenus par les États Scandinaves.

En 1915, les 18 anciens chantiers les plus importans s’occupant de constructions navales en Norvège ont achevé 84 unités, cargos, chalutiers, chalands, etc., jaugeant 61 000 tonnes. En outre, de nouveaux établissemens se sont créés. On estime que, grâce à eux, la production annuelle atteindra 75 000 tonnes brut. Plusieurs usines commencent à construire des navires en série, par exemple : Frederikstade Mekaniske Verksted, qui entreprend des vapeurs de 3 050 tonnes de port en lourd et Trondhjems Mekaniske Verksted, qui met sur cale des bateaux de 1 800 tonnes. Au 1er janvier 1916, par suite de cet effort, les commandes en construction atteignaient 121 vapeurs d’un tonnage total de 145 000 tonneaux brut et de 5 navires à moteurs jaugeant 10 700 tonneaux.