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Comment est-ce possible ? » Possible, plus encore comme sottise que comme mauvaise foi ? Ce n’est possible qu’en Allemagne, sous la domination prussienne, mais c’est si spécifiquement, si ingénument allemand, que pas un Allemand n’a eu un mouvement de révolte. Aux États-Unis, au contraire, même l’indifférent Moyen-Ouest, même l’Ouest placide, ont tressailli. Les Germains non encore dénaturalisés, les progermains, les germanophiles, toutes gens qui d’ordinaire avaient le verbe haut, se sont tus.

Mais M. Wilson a fait mieux que de parler, il a agi. On se souvient que, lors de la rupture des relations diplomatiques avec l’Allemagne, il avait ajouté, exprimant diplomatiquement une confiance invétérée en la clairvoyance et la discrétion du gouvernement impérial : « Pourtant, si des vaisseaux américains, des existences américaines devaient réellement être sacrifiés, je prendrais la liberté de revenir devant le Congrès demander qu’on me donne l’autorité nécessaire pour protéger nos marins, nos concitoyens au cours de leurs voyages légitimes et pacifiques en haute mer. » En exécution de cet engagement pris envers lui-même et envers la nation, le Président est revenu le 26 février devant le Congrès, et il lui a dit : « J’espère ne pas avoir à donner plus d’assurances que je n’en ai déjà donné, pendant près de trois ans, de ma patience anxieuse, et du fait que je suis l’ami de la paix, que je désire maintenir longtemps pour l’Amérique. Je ne me propose pas la guerre et je ne l’ai pas en vue, non plus qu’aucune mesure pouvant y conduire. Je demande seulement que vous m’accordiez par votre vote les moyens et l’autorité nécessaires pour sauvegarder les droits d’un grand peuple qui jouit de la paix et est désireux de la conserver dans l’exercice des droits reconnus depuis des temps immémoriaux par toutes les nations civilisées. Aucune ligne de conduite que j’adopterai ou que le peuple adoptera ne peut provoquer la guerre, qui ne peut être provoquée que par des actes d’agression préméditée. »

Réunie aussitôt, la Commission sénatoriale chargée des affaires extérieures approuvait le projet de loi relatif aux armemens pour la défense des navires marchands et accordait les crédits demandés. Presque aussitôt, elle aussi, la Commission correspondante de la Chambre des représentans approuvait ce même projet de loi, mais non sans quelque « tirage, » par 17 voix seulement contre 14, et avec une modification, en supprimant les mots : « ou tous autres moyens » pour le maintien desquels M. Wilson insistait. C’est le texte de la. Commission, déposé, sous forme de motion, par