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navires de plongée allemands y avaient remporté d’incontestables succès.

Il apparaissait d’ailleurs de plus en plus que la mer servait de « grand chemin » aux nations d’Occident, à leurs armées, à leurs approvisionnemens militaires de toute espèce et, donc, que les opérations sur les lignes de communications maritimes deviendraient de plus en plus fructueuses, décisives peut-être. Enfin les résultats de la chasse aux sous-marins, organisée cependant par les marins alliés avec ingéniosité, n’étaient pas suffisans pour balancer l’accroissement continu que l’activité des chantiers allemands apportait à l’effectif de la flotté de plongée.

Et, d’autre part, il fallait se hâter de prendre un parti définitif : les armées des Empires centraux avaient beau remporter victoires sur victoires, rien ne lassait la constance d’implacables adversaires dont on voyait grossir tous les jours les contingens et grandir les moyens d’action. Hé bien ! puisque la terre se refusait à fournir « la décision, » on demanderait celle-ci à la mer et, par un prodigieux effort, on construirait en quelques mois assez de sous-marins et d’assez puissans pour dominer toutes les routes, pour envoyer au fond de l’eau, — quels que fussent d’ailleurs les véhicules, belligérans ou neutres, — blés, vivres, charbon, bois, métaux, matières premières, armes, munitions, appareils et engins militaires, enfin tout ce qui pouvait servir à entretenir non pas seulement les armées de ces irréductibles ennemis, mais l’existence même de nations assez audacieuses pour rejeter l’imperium d’une Germanie toute prête à leur accorder la paix au prix de la servitude, assez cruelles pour affamer les innocentes populations de l’Allemagne, de l’Autriche, de la Hongrie…


C’est là, c’est au grand « blocus sous-marin » que nous en sommes. Et il est juste, il est sage, je crois, de dire que si le plan allemand (qui comporte du reste un effort militaire sur lequel je n’ai pas à insister ici) ne paraît pas destiné à donner le succès final aux Empires coalisés, c’est à l’expresse condition que les Alliés fassent tous, sans rien marchander, avec rapidité, ordre et entente parfaite, tout le nécessaire, pour en contrecarrer les dispositions. Ce n’est plus le moment de s’en fier aux soins de cette Providence spéciale, de ce Fatum