Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la nécessité, beaucoup moins pressante que ne le croyait l’autorité militaire, de couvrir le transport de l’armée d’Afrique contre une attaque qui ne pouvait plus partir que de la lointaine base de Pola. Enfin, plus tard, trop tard, malheureusement, et après que l’adversaire autrichien avait eu tout le loisir de prendre ses mesures, nous allions entamer à Cattaro une opération rentrant tout à fait dans la guerre de côtes, mais sans avoir les moyens nécessaires pour mener cette entreprise à bonne fin.

La flotte allemande, pendant ce temps-là, nous apparaissait comme aussi décidée que l’autrichienne à garder une attitude passive. Les visées audacieusement agressives qu’on lui prêtait sur la foi des propagandistes les plus qualifiés de la ligue maritime, semblaient tout à fait abandonnées. Mouiller des mines automatiques sur les routes de navigation de la mer du Nord et dans le Sud du Grand-Belt, sans le moindre souci de la neutralité danoise ni, d’ailleurs, d’aucune des règles du droit international maritime ; renforcer activement les défenses de son littoral ; exercer à la hâte des sous-marins qui, jusque-là, n’avaient pas joui de la même faveur que les belles divisions de Hoch see torpédo boote ; enfin, tout disposer, sur les mers et à l’étranger, pour rendre fructueuses les opérations de ses croiseurs contre le commerce anglais, telles étaient les préoccupations dominantes de L’État-major naval de Berlin.

Cet Etat-major connut des déboires, justement à cause de l’organisation insuffisante (défaut de bases secondaires à l’extérieur, surtout) de la guerre de croisière, où l’on n’improvise pas. Mais il n’allait pas tarder à se ressaisir et à trouver sa voie. Cette voie, marquée à son point de départ, le 22 septembre 1914, par la destruction en quelques instans de trois beaux croiseurs anglais, devait être celle de la guerre sous-marine poursuivie au moyen de navires de plongée qui affectèrent de plus en plus le caractère autonome et offensif, tandis que leur tonnage s’accroissait, ainsi que leur vitesse et leur endurance, tandis qu’ils s’armaient de canons et de mines, aussi bien que de torpilles automobiles.

Mais une question se présentait, dès la fin de 1914, aux dirigeans de l’Allemagne. Ces armes nouvelles qui se révélaient si puissantes, à quoi convenait-il, au juste, de les employer ? Uniquement à des opérations militaires, c’est-à-dire à la