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des dés d’airain, c’est nous désormais qui héritons devant l’Europe du legs de ta culture. »

Quel est, au juste, ce crime de l’Angleterre ? Il est double : crime contre la Kultur germanique, crime contre le génie de la race blanche. Les procédés de l’Angleterre, dès le premier jour, furent criminels : couper le câble qui relie l’Allemagne aux Etats-Unis, empoisonner à loisir l’opinion des deux Amériques, cueillir en mer les paquebots neutres qui ramenaient vers la patrie allemande les réservistes d’outre-mer ; autant de traits qui révèlent l’abjection profonde de l’âme britannique. « Serre le poing, jeune fiancée, dira-t-on à une jeune fille dont le fiancé a été capturé sur mer. La pire des nouvelles est pour toi. Ton bien-aimé ne sera pas blessé, ton bien-aimé ne tombera pas au champ d’honneur. Serre le poing, puisqu’il faut se taire. Ton bien-aimé sans défense a été attaqué par des brigands de grand chemin, et ces brigands étaient du même sang que lui. Ton bien-aimé est prisonnier sans avoir eu la moindre possibilité de prendre les armes. Serre le poing, jeune fille ; ce que tu as appris, ce n’est pas la mansuétude, ce n’est pas l’énergie, c’est la haine !… Qu’elle porte des fruits au centuple, cette haine… Tes enfans l’emporteront avec eux et la répandront par le monde, et le jour viendra où la moisson lèvera en tout lieu, chaque grain en portant cent ou mille ! »

Avant la guerre, l’Allemagne s’était longuement bercée d’un doux rêve : alliée à sa sœur l’Angleterre, dont elle admirait la maturité robuste, elle entrevoyait un avenir de paix et de sécurité où la nation dominante sur terre et la nation dominante sur mer coopéreraient à une grande œuvre de pacification et de civilisation universelles. Représentant à elles deux cette forme supérieure du génie humain qu’est le génie germanique, elles organiseraient peu à peu le monde selon un système rationnel où ce génie triompherait. La duplicité et l’ambition britanniques ont réduit à néant ce beau projet. Car avec l’Angleterre, pas de camaraderie possible : on est son vassal ou son ennemi. Et pas de lutte loyale possible non plus. Tous les moyens lui sont bons pour asservir les peuples ; après avoir tyrannisé les Indes, l’Afrique du Sud et l’Egypte, elle ose encore accuser l’Allemagne dont chacun connaît l’honnêteté « pédantesque à force de minutie, » d’avoir violé le droit des gens ! Par bonheur, la puissance britannique est moins bien assise qu’elle ne le parait. Riche en