Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

régiment d’infanterie autrichienne les repoussa. Mais la colonne qui descendait le Styr restait ainsi très dangereusement découverte à sa droite. Nous verrons tout à l’heure les Russes, au milieu de juillet, exploiter cette situation.


V

Ainsi la riposte de Linsingen, dans la seconde moitié de juin, consiste à serrer dans une tenaille l’énorme saillant que les Russes ont creusé à l’Ouest de Lutzk. Broussiloff répondit à son tour en brisant la pince gauche de la tenaille, la plus septentrionale, celle qui devait serrer dans le coude du Styr.

On se rappelle que l’ennemi menaçait là de déborder la droite du général Kaledine, qui était obligé de se couvrir face au Nord par un flanc défensif, entre Sokul et Kolki. Mais par le fait même qu’il débordait les Russes, l’ennemi se trouvait lui-même en pointe, et risquait d’être serré entre l’armée Kaledine d’un côté et de l’autre l’armée Lech, dont nous avons vu qu’elle tenait le front depuis le coude du Styr jusqu’au Pripiat.) Contre ce danger, les Austro-Allemands comptaient sur la solidité de leurs positions, qui défiaient depuis un an les efforts de l’adversaire.

C’est sur cette forte position que le général Broussiloff lança une attaque convergente par l’Est et par le Sud. Sur la face Sud, le 4 et le 5 juillet, les troupes du Turkestan et une partie du XXXe corps russe faisaient irruption à l’Ouest de Kolki. Des troupes de l’Allemagne du Sud sont immédiatement envoyées du champ de bataille du Stokhod, par Grusiatyn, pour boucher le vide ainsi formé. Mais tandis qu’elles contiennent l’adversaire, la face Est est rompue à son tour, au Nord de Tchartoriisk à Kostuchnowka et à Wolezek. Le commandement allemand se décide à la retraite.

Le 7 juillet, Berlin annonce que la boucle qui s’avance vers Tchartoriisk a été évacuée, à la suite de la pression exercée par l’ennemi supérieur en nombre sur son flanc vers Kostuchnowka et à l’Ouest de Kolki. — Vienne annonce le même événement en couvrant de fleurs les vaincus. « Les troupes austro-hongroises qui combattent dans le coude du Styr, au Nord de Kolki et qui tinrent bon pendant quatre semaines devant des forces ennemies de trois à cinq fois supérieures en nombre, reçurent