Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 38.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

correspondances postales reçues d’Athènes et datées du 28 de ce mois annonçaient, il est vrai, déjà, ce que tout le monde se répétait à Athènes, à savoir que les troupes avaient reçu l’ordre de s’opposer par la violence à tout débarquement des Alliés et de tirer impitoyablement contre les contingens qui auraient débarqué. Mais personne, — sauf les royalistes initiés, naturellement, — ne croyait dans son for intérieur que le Roi et le gouvernement auraient l’audace de mettre à exécution ce projet insensé. Ce ne fut que le 30, la veille du débarquement, qu’un vent violent de pessimisme se mit à souffler. Plusieurs indices commençaient en effet à faire craindre que « quand même quelque chose se passerait. »


II

Quels étaient ces indices et quelle était, à cette date décisive, la vraie situation ?

Dès la nuit du 29 au 30 de nombreux réservistes affluèrent dans la capitale, venus de plusieurs points de la Grèce, notamment de Fatras, de Corinthe, de Chalcis et des villages de l’Attique. Aussitôt arrivés à Athènes, ils recevaient des cartes rouges les invitant à se rendre à la maison de Mercouris où leur seraient délivrées les cartes d’identité en vertu desquelles des fusils leur seraient donnés. Ils se promenaient ensuite, insolens et farouches, à travers les rues de la ville, habillés en civils, portant la casquette militaire, ceints de cartouchières, le fusil à l’épaule et tenant sous le bras un paquet où était enveloppé leur uniforme militaire. Ce dernier fait indique bien que ce n’était pas en tant que bandes irrégulières, mais en tant que soldats individuellement mobilisés que tous ces hommes devaient participer aux événemens qu’ils avaient recula mission de provoquer.