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de la flotte grecque, que l’Entente ne saurait employer. Les Germano-Bulgares ont, en revanche, en leur possession, de l’aveu même du gouvernement royal, 124 canons grecs qui, contrairement à ce qu’affirme M. Lambros, ne sont point d’ancien système, la Grèce n’ayant eu en sa possession, depuis le début de la guerre européenne, aucun canon de vieux modèle. La preuve en fut donnée par les Bulgares eux-mêmes : leur armée utilisa ces canons contre les Serbes qui, en ayant pris un certain nombre au cours des combats de Kaimmaktchalan et de Tchouka, furent à même de constater qu’ils étaient de modèle tout récent.

Ajoutons une autre remarque : pour ceux qui sont au courant de la situation en Grèce, telle qu’elle était alors, il ne peut y avoir aucun doute que le refus de M. Lambros ne fut dicté ni par la crainte d’exciter l’opinion publique, ni par la moindre considération d’honneur ou de dignité, mais par la simple appréhension, — tout à fait injustifiée du reste, — que le matériel demandé ne fût livré au gouvernement de Salonique. Si le Roi n’eût été dominé par cette inquiétude et s’il n’avait eu la crainte que ce matériel fût utilisé contre ses amis, les Germano-Bulgares, il n’aurait eu aucune raison avouable pour refuser ce que l’amiral français lui réclamait, étant donné qu’il avait, à plus d’une reprise, publiquement et solennellement manifesté sa décision de ne pas se départir de la neutralité. Ces manifestations étaient-elles sincères ? C’est ce dont il est permis de douter. Le projet d’attaquer le flanc de l’armée du général Sarrail n’était-il pas depuis longtemps caressé par l’état-major royal ? Et n’est-il pas certain que la défaite de la Roumanie et l’espoir que l’Allemagne pourrait attaquer le front macédonien avaient encouragé les royalistes d’Athènes dans leur plan d’action militaire contre les Alliés, en vue de« libérer la Macédoine des vénizélistes ? »

La réponse de l’amiral français ne tarda pas du reste à être remise au gouvernement du roi Constantin. Les choses, dénaturées par le premier ministre grec, y sont mises au point. Nous nous abstenons donc de pousser plus loin la critique du document grec, et nous nous bornons à reproduire la seconde note de l’amiral. La voici :