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américain, en même temps que la note de M. Zimmermann, un mémorandum portant en substance : « Le gouvernement impérial ne doute pas que le gouvernement des États-Unis ne comprenne la situation imposée à l’Allemagne par les procédés de guerre brutaux des alliés de l’Entente... et que ce gouvernement... ne rende à l’Allemagne la liberté d’action qu’elle s’était réservée par la note adressée le 4 mai 1916 au gouvernement des États-Unis. En cette occurrence, l’Allemagne ripostera aux mesures illégales de ses ennemis en empêchant par la force, après le 2 février 1917, et dans les zones entourant la Grande-Bretagne, la France, l’Italie et dans la Méditerranée orientale, toute navigation, y compris celle des neutres, de ou pour l’Angleterre, de ou pour la France, etc. Tous navires rencontrés dans ces zones seront coulés. »

Le coup a été machiné comme au théâtre. Il y a eu préparation savante, mais secrète, et il éclate subitement. Le président Wilson le dit, et il insiste à deux reprises : « A l’improviste et sans un avis antérieur quelconque... Cette action inattendue du gouvernement allemand, cette renonciation soudaine et profondément déplorable à l’assurance donnée... » Mais, depuis le 18 avril ou depuis le 8 mai 1916, depuis le premier et le dernier mot du Président sur ce sujet, la résolution des États-Unis est liée. Leur gouvernement n’a pas à choisir entre deux partis : il ne lui en reste qu’un à prendre, ou plutôt il est déjà pris. « Je pense que le Congrès sera d’accord avec moi... que le gouvernement n’a plus d’autre alternative compatible avec la dignité et l’honneur des États-Unis que de recourir à la décision que, par sa note du 18 avril 1916, il annonçait devoir prendre au cas où le gouvernement allemand ne déclarerait pas abandonner et n’abandonnerait pas effectivement les procédés de guerre sous-marine qu’il employait alors et qu’il a l’intention d’employer derechef aujourd’hui. » Cette décision, depuis un an irrévocable, qu’il n’y avait maintenant qu’à appliquer, c’était, pour reprendre la formule même de la note du 18 avril, de rompre les relations diplomatiques. « En conséquence, a continué le Président, j’ai chargé le secrétaire d’État d’annoncer à Son Excellence l’ambassadeur d’Allemagne que toutes les relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Empire allemand sont rompues, que l’ambassadeur des États-Unis à Berlin se retirera immédiatement, et, en conformité avec cette décision» j’ai chargé le secrétaire d’État de remettre à Son Excellence ses passeports. » Puis viennent quelques paroles de politesse plus encore que d’atténuation, quelques-unes de ces transpositions de pensée ou quelques-uns de ces