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l’Autriche-Hongrie, la Turquie et la Bulgarie, » opposant, « au désir de réconciliation, une volonté de destruction. » Dès lors, l’Allemagne se voyait « obligée de prendre de nouvelles décisions. » Puisque l’Entente avait dédaigné la paix sans victoire, elle allait avoir la guerre sans merci. La guerre navale d’abord. Dieu punisse l’Angleterre et « le groupe de Puissances mené par elle ! » Ici, une phrase admirable : « Depuis deux ans et demi, l’Angleterre abuse de la puissance de sa marine pour essayer criminellement de réduire l’Allemagne par la faim. » L’Allemagne a bien le droit de le lui dire, elle qui n’a jamais « abusé de la puissance de son armée » pour essayer de réduire un autre peuple par la force ! Et ce n’est pas seulement l’Allemagne que l’Angleterre contraint ainsi et étreint, ce sont aussi les États neutres, qu’elle prétend, « par une pression impitoyable, » faire renoncer à tout trafic commercial qui lui déplaît. Arrivé là, M. Zimmermann se fait, alternativement ou tout ensemble, solennel et sentimental. « Devant l’humanité, devant l’Histoire et devant sa propre conscience, le gouvernement impérial ne peut prendre la responsabilité de ne pas recourir aux moyens, quels qu’ils soient, de hâter la fin de la guerre. » On lui a fermé brutalement les voies pacifiques, qu’il eût préférées. La guerre donc, la guerre à toutes armes, car il n’en est aucune qu’il ne doive employer dorénavant, « s’il veut servir un idéal élevé d’humanité, et s’il ne veut pas pécher contre ses compatriotes. » Pécher encore contre les neutres, en n’arrêtant pas au plus tôt, en ne brisant pas net l’abominable « guerre de famine » dans laquelle « la soif de domination britannique accumule froidement les souffrances de l’univers. » M. Zimmermann en vient à parler comme Bernhardi. Que la lutte soit horrible, pourvu qu’elle soit courte; et plus elle sera horrible, étant plus courte, plus elle sera humaine ! Que les neutres souffrent plus cruellement, pourvu qu’ils souffrent moins longtemps; qu’ils laissent faire le gouvernement allemand qui sait mieux qu’eux ce qu’il leur faut, qui ne les tue que parce qu’il les aime et ne leur cause tout ce mal que pour leur bien, pour le bien de ses ennemis eux-mêmes! «Chaque journée apporte dans la lutte qui se poursuit de nouveaux ravages et de nouvelles morts. Chaque journée qui abrégera la guerre conservera la vie, des deux côtés, à des milliers de vaillans combattans et sera un bienfait pour l’humanité éprouvée. » Tout cet étalage de doctrine, pour aboutir pratiquement à une conclusion qui ne demandait pas tant d’affaires : « Par suite, le gouvernement impérial est décidé à abolir les restrictions qu’il s’était imposées jusqu’ici dans l’emploi de ses moyens de combat sur mer, dans l’espoir que le