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fondation ou plutôt de sa réorganisation par la loi du 25 octobre 1795, qui avait constitué ce grand corps en rétablissant sous des noms plus ou moins nouveaux les anciennes Compagnies fondées par Richelieu et par Colbert, la Société royale de Londres, cette doyenne des confréries savantes et lettrées de l’Europe, envoya aux académiciens français une adresse de félicitations, qui marquait en termes excellens le rôle assigné par une tradition plusieurs fois séculaire, non moins que par la confiance unanime de l’opinion publique, à notre Académie française, à notre Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, à notre Académie des Sciences, à notre Académie des Beaux-Arts, à notre Académie des Sciences morales et politiques.

« L’Institut, disait l’adresse de la Société royale de Londres, comprend aujourd’hui cinq académies. Chacune d’elles a sa sphère spéciale d’action ; mais toutes, concertant leurs efforts, coopèrent à l’œuvre commune, à la recherche des lois de la nature, au développement des lettres et des arts. La création de cet ensemble harmonieux a ouvert une ère nouvelle dans l’histoire de la civilisation. »

Pour l’honneur de la civilisation, mise en péril par un nouveau réveil de la barbarie et par le déchaînement des forces brutales qui, plus d’une fois, ont menacé d’ensevelir sous un amoncellement de cendres et de ruines les acquisitions idéales de plusieurs siècles de labeur, il convient que l’Institut de France puisse reprendre au plus tôt, malgré la durée d’une guerre qui se prolonge au-delà de toutes les prévisions, le cours de son existence normale, le programme complet de ses travaux, — ou, comme on disait, au temps de Fénelon, de ses « occupations, » qui consistent principalement à maintenir l’intégrité de l’intelligence française et l’éminente dignité de l’esprit humain.


GASTON DESCHAMPS.