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revanche, les effets du 75 sur les colonnes ennemies étaient au moins aussi meurtriers que ceux des fusils et des mitrailleuses… »

Nous n’insisterons pas sur la valeur démontrée du 75 français. On peut dire que, dès les premiers engagemens, il se subordonne entièrement le 77 allemand. Nous n’avons appris que longtemps après les effets du canon français dans ces combats de l’Ardenne, à Neufchâteau, à Rossignol, à Virton, à Fillières. Le général Bon avait raison, plus peut-être qu’il ne le croyait lui-même, lorsqu’il terminait ses observations par cette phrase : « Je suis convaincu que notre artillerie, pendant la première période de la campagne, a mis hors de combat au moins autant d’Allemands que la mousqueterie. »

L’habile usage que les Allemands ont fait de la mitrailleuse et l’impression produite sur nos troupes sont parfaitement décrits dans un compte rendu inédit de la marche du 12ecorps : « La première prise de contact fut impressionnante et meurtrière. L’infanterie partit à fond. Elle se heurta à des cyclistes avec mitrailleuses, qui reculent dès qu’on approche, mais non sans nous avoir infligé des pertes, et ce jeu recommence. Peu à peu la troupe perd son entrain et hésite à renouveler ces assauts sanglans. Le capitaine T…, avait une section de mitrailleuses très bien exercée et dont il était très fier. On gravit une colline. Arrivés à la côte, détachemens français et allemands s’aperçoivent. La section de mitrailleuses françaises fut détruite avant d’avoir tiré un seul coup. » La préparation allemande, renseignée par le rôle des mitrailleuses dans la guerre russo-japonaise, avait été poussée à fond et jusqu’à la minutie. La hardiesse, la témérité françaises s’exposaient aux coups de ces redoutables engins sans que les précautions nécessaires fussent prises. La mitrailleuse fut, par excellence, l’arme d’arrêt contre la furia francese.

Tous les témoignages sont d’accord pour signaler, au moins au début, la pénurie des avions français. L’Allemagne, au contraire, entrait en compagnie avec 1 500 avions. Nous allons revenir sur la question des « renseignemens. M Mais, en ce qui concerne la découverte immédiate, le service de l’aviation, remarquablement organisé du côté allemand, le fut à peine, au début, du côté français.

Le lieutenant d’artillerie Robert Deville, l’auteur de