Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/759

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mon devoir de vous dire ce que j’estime être la vérité… J’ajoute que dans les diverses rencontres avec l’ennemi chacun a fait tout son devoir. »

Les communiqués essaient naturellement d’atténuer cette impression :


« Communiqué du 24 août, 23 heures. — A l’Est de la Meuse, nos troupes se sont portées en avant à travers un pays des plus difficiles. Vigoureusement attaquées au débouché des bois, elles ont dû se replier, après un combat très vif, au Sud de la Semoy… Du fait des ordres donnés, la lutte va changer d’aspect pendant plusieurs jours ; l’armée française restera pour un temps sur la défensive ; au moment venu, choisi par le commandant en chef, elle reprendra une vigoureuse offensive. Nos pertes sont importantes ; il serait prématuré de les chiffrer ; il ne le serait pas moins de chiffrer celles de l’armée allemande qui a souffert au point de devoir s’arrêter dans ses mouvemens de contre-attaque pour s’établir sur de nouvelles positions. »


Et le communiqué du 25 :

« Sur le front Est de la Meuse, par ordre du général en chef, nos troupes ont regagné leurs emplacemens de départ en maîtrisant les débouchés de la grande forêt d’Ardenne. Plus à droite, nous avons pris une vigoureuse offensive en faisant reculer l’ennemi. Mais le général Joffre a arrêté la poursuite pour rétablir les lignes qu’il avait assignées avant-hier sur le front de bataille. Dans cette offensive, nos troupes ont montré un admirable entrain. Le 6e corps a notamment fait subir à l’ennemi, dans la région de Virton, des pertes considérables. »


Au point de vue matériel comme au point de vue moral, la « Bataille des Ardennes » fut une défaite française. En recherchant les causes de cette défaite et en nous élevant successivement du point de vue tactique au point de vue stratégique, nous verrons si elle fut sans contre-partie et sans compensation.

Des causes de la défaite, les unes sont générales, les autres locales, les unes matérielles, les autres morales ; il en est que l’on ne peut séparer de l’ensemble des conditions qui présidèrent à la préparation de la guerre, il en est qui tiennent au