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L’Empereur allemand est fort occupé, et Mackensen, Falkenhayn même qu’on avait dit arrivé à Larissa, sont encore loin. Mais il est toujours bon de rappeler les principes, ou le principe, car il n’y en a pas deux, et le mal vient, en Grèce, de ce que nous y avons eu en même temps deux politiques : si l’on ne frappe haut, fort et vite, il n’y aura ni justice, ni honneur, ni sécurité. C’est tout ce qu’a voulu montrer ce résumé fidèle des faits, qui, malheureusement, n’est pas un apologue.

Au demeurant, ce genre de littérature, la note diplomatique, en vue de la guerre et de la paix, fleurit abondamment au plus dur de l’hiver, et la glace ne l’arrête pas. Dans le seul cours de cette quinzaine, nous aurons eu les proclamations de Guillaume II et de Charles Ier; la réponse de l’Entente au Président Wilson; le même jour, et pour tâcher d’en détruire l’effet, une seconde note des Empires du Centre; une proclamation truculente et une lettre mystico-humanitaire de l’Empereur allemand; une lettre admirable de M. Balfour à l’ambassadeur d’Angleterre aux États-Unis ; une interview de M. Raymond Poincaré; une autre, de M. Zimmermann; un discours du comte Tisza ; une réplique de la Porte ottomane à la réponse de l’Entente, une réponse de la Grèce à la note des neutres, où elle se donne des airs d’Iphigénie ; enfin, et ce sera bien le comble, une note ou une réponse bulgare. Il va de soi que ces documens (encore en omettons-nous) ne sont pas tous d’égale qualité. Nous tirerons hardiment hors de pair, à cause de leur importance durable, la réponse de l’Entente à M. Wilson et le tout récent message du Président au Sénat américain, qui s’y rattache comme une suite et comme une conclusion. De la réponse de l’Entente au Président Wilson, on peut redire, avec plus de force, ce que nous avons dit de sa réponse à la note allemande. Il n’y a même plus, sur la forme, de réserve à faire, et la composition elle-même en est parfaite. L’émouvante réponse de la Belgique la prolonge sans la dédoubler. M. Wilson nous avait demandé nos « buts de guerre, » et nous aurions pu être embarrassés pour les lui faire connaître, puisque nous, qu’on a attaqués, qu’on a saisis brusquement à la gorge, nous n’avions pas « de buts de guerre. » Nous n’en avons eu qu’un, qui a été de nous défendre. Et maintenant ce que nous avons, ce ne sont pas non plus des « buts de guerre, » ce sont des « conditions de paix, « fondées sur des nécessités de vie. »

Quant à elles, point de difficulté pour les déclarer. Elles sont aussi honorables qu’impérieuses, et nous n’en sommes pas les