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qui, le 20 janvier, l’a dit lui-même : « L’ennemi, appuyé par un feu concentré de son artillerie lourde et légère, a attaqué avec des forces considérables le front de Nanesti, à l’embouchure de la Rimnica, et qui, le 20 janvier, l’a dit lui-même: « L’ennemi, appuyé par un feu concentré de son artillerie lourde et légère, a attaqué avec des forces considérables le front de Nanesti, à l’embouchure de la Rimnica, et a refoulé nos troupes vers le Sereth. » Nanesti est un gros village, sis précisément au point où la route qui descend de Focsani bifurque, en coupant la rivière, verqui, le 20 janvier, l’a dit lui-même: « L’ennemi, appuyé par un feu concentré de son artillerie lourde et légère, a attaqué avec des forces considérables le front de Nanesti, à l’embouchure de la Rimnica, et a refoulé nos troupes vers le Sereth. » Nanesti est un gros village, sis précisément au point où la route qui descend de Focsani bifurque, en coupant la rivière, vers le Nord-Est, où elle rejoint la route et la voie ferrée, qui, elles, descendent vers Galatz. Mais que l’ennemi se soit fait « appuyer par un feu concentré d’artillerie lourde et légère, » ce n’est pas seulement un détail intéressant, c’est une explication-Voilà pourquoi, dix jours durant, Mackensen, Falkenhayn ou l’autre, étaient demeurés immobiles. Les maréchaux et leur état-major ne varient pas beaucoup leurs procédés ; celui-là date, nous avons eu déjà plus d’une occasion de le rappeler, du grand Frédéric, qui évidemment le pratiquait selon ses moyens et les moyens de son temps, avec deux cents pièces, au lieu de deux mille ; et, dans cette docilité à la leçon, l’on trouverait, s’il en était besoin, un exemple de plus de la force d’imitation et de répétition où s’exerce, s’obstine et jamais ne s’épuise la patience peu inventive de l’Allemand. Au reste, cette guerre a montré que le principe est excellent, voire que, dans la plupart des cas qui s’y présentent, il n’y en a pas d’autre, conduisant à des résultats, que l’infanterie n’avance pas et surtout ne se maintient pas tant que l’artillerie n’a pas « battu, martelé, écrasé le terrain. » Si c’est un enseignement de Frédéric II, nous avons dû nous mettre à son école et faire comme ses héritiers ; mais nous le faisons à la française, avec plus de vivacité, et, après la Somme, après Douaumont, ce n’est pas nous vanter que de prétendre y réussir mieux.

Plus au Nord, c’est-à-dire au Nord de Focsani, on ne mentionne que des échauffourées. Sur le Sereth même, s’il arrivait que, les villages des environs étant enlevés autour de la boucle, et Fundeni, au centre, rendu intenable, l’ennemi franchit la rivière, il se trouverait en face des positions les plus fortes des Russo-Roumains, qui sont en arrière, sur la rive gauche. Le Sereth passé, ce serait, insinue-t-on, une seconde campagne de Russie, la campagne d’Odessa, qui commencerait. Regardons ensemble la carte. Odessa est loin : deux cent cinquante kilomètres à vol d’oiseau. Et voyez les deux belles lignes d’eau; des nappes plutôt que des lignes, et qui s’étendent, qui s’élargissent en marais : le Pruth, jusqu’à son confluent avec le Danube; ensuite, le Dniester, dont le Ut, dans la partie qui couvre la ville, est un dédale. Hindenburg s’y reconnaîtrait peut-être comme au milieu des lacs Masuriques, mais il y serait pour s le Nord-Est, où elle rejoint la route et la voie ferrée, qui, elles, descendent vers Galatz. Mais que l’ennemi se soit fait « appuyer par un feu concentré d’artillerie lourde et légère, » ce n’est pas seulement un détail intéressant, c’est une explication. Voilà pourquoi, dix jours durant, Mackensen, Falkenhayn ou l’autre, étaient demeurés immobiles. Les maréchaux et leur état-major ne varient pas beaucoup leurs procédés ; celui-là date, nous avons eu déjà plus d’une occasion de le rappeler, du grand Frédéric, qui évidemment le pratiquait selon ses moyens et les moyens de son temps, avec deux cents pièces, au lieu de deux mille ; et, dans cette docilité à la leçon, l’on trouverait, s’il en était besoin, un exemple de plus de la force d’imitation et de répétition où s’exerce, s’obstine et jamais ne s’épuise la patience peu inventive de l’Allemand. Au reste, cette guerre a montré que le principe est excellent, voire que, dans la plupart des cas qui s’y présentent, il n’y en a pas d’autre, conduisant à des résultats, que l’infanterie n’avance pas et surtout ne se maintient pas tant que l’artillerie n’a pas « battu, martelé, écrasé le terrain. » Si c’est un enseignement de Frédéric II, nous avons dû nous mettre à son école et faire comme ses héritiers ; mais nous le faisons à la française, avec plus de vivacité, et, après la Somme, après Douaumont, ce n’est pas nous vanter que de prétendre y réussir mieux.

Plus au Nord, c’est-à-dire au Nord de Focsani, on ne mentionne que des échauffourées. Sur le Sereth même, s’il arrivait que, les villages des environs étant enlevés autour de la boucle, et Fundeni, au centre, rendu intenable, l’ennemi franchit la rivière, il se trouverait en face des positions les plus fortes des Russo-Roumains, qui sont en arrière, sur la rive gauche. Le Sereth passé, ce serait, insinue-t-on, une seconde campagne de Russie, la campagne d’Odessa, qui commencerait. Regardons ensemble la carte. Odessa est loin : deux cent cinquante kilomètres à vol d’oiseau. Et voyez les deux belles lignes d’eau; des nappes plutôt que des lignes, et qui s’étendent, qui s’élargissent en marais : le Pruth, jusqu’à son confluent avec le Danube; ensuite, le Dniester, dont le Ut, dans la partie qui couvre la ville, est un dédale. Hindenburg s’y reconnaîtrait peut-être comme au milieu des lacs Masuriques, mais il y serait pour