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REVUE SCIENTIFIQUE

LES SUPERZEPPELINS

L’alerte qui, il y a peu de jours, fit croire à une nouvelle expédition de zeppelins sur Paris a eu, entre autres avantages, celui de contribuer pour une bonne part aux économies d’éclairage recommandées en ce moment par une administration qui, n’ayant pas bien su prévenir, s’efforce du moins de guérir. Cette fausse alerte a eu en outre l’heureux résultat de nous montrer que le moral de la population n’est pas le moins du monde, — s’il l’a jamais été, — troublé par ces monstrueux épouvantails de l’air. Le moment paraît venu de faire en quelque sorte l’inventaire de leur rôle militaire, et d’indiquer avec précision comment ils sont agencés et conduits.

En admirant les efforts très réels d’ingéniosité que représentent les zeppelins, les difficultés vaincues, l’adaptation heureuse de mainte donnée scientifique, nous apprendrons à ne point mépriser trop ces lourds cuirassés de l’air. Certes ils n’ont point donné, nous le montrerons, tout ce que les Allemands en attendaient, et le bilan de leurs résultats côtoie la faillite, mais ils n’en sont pas moins remarquables à plus d’un titre pour les esprits curieux. Il faut à leur sujet comme à bien d’autres rendre hommage à la ténacité ingénieuse, à l’habile technique de nos ennemis. En dénigrant systématiquement un adversaire qui est toujours debout, on se rabaisse soi-même : contrairement à ce que pensent certains, la meilleure manière de stimuler chez nous les efforts libérateurs et d’exalter l’orgueil de