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Paris, il se contenta d’assurer au Parlement que les délégués britanniques n’engageraient pas l’avenir de la politique douanière de l’Angleterre. Ces délégués furent lord Crewe, président du Conseil privé, M. Bonar Law, leader des conservateurs et ministre des Colonies, M. Hughes, « premier » d’Australie, et sir G. Poster, ministre du Commerce du Canada. On connaît les résolutions adoptées par la Conférence : mesures pour le temps de guerre, mesures transitoires pour la période de reconstitution après la guerre, mesures permanentes d’entr’aide et de collaboration entre les alliés. Elles furent accueillies avec enthousiasme par les protectionnistes anglais. Les libre-échangistes, en revanche, s’imaginèrent y découvrir quelques motifs d’inquiétude, et crurent devoir publier à cette occasion un Memorandum où ils affirmaient, avec beaucoup de force d’ailleurs, les raisons de l’adhésion nécessaire aux vieux principes de Cobden : réponse qui visait peut-être moins les résolutions mêmes de la Conférence que les manifestations tendancieuses qu’elles avaient provoquées chez les tariff reformers. Ceux-ci, d’ailleurs, commençaient alors à perdre du terrain ; l’effervescence protectionniste, qui à un moment semblait avoir gagné toute l’Angleterre, s’était un peu calmée ; la rapide popularité de M. Hughes avait décliné. Une opinion moyenne semblait prête à se former, à mi-chemin entre les protectionnistes outranciers et les libre-échangistes intransigeans ; c’est elle que parut appeler M. Asquith lorsque, au début d’août, exposant et justifiant aux Communes les conclusions de la Conférence économique de Paris, il déclara que, tout en demeurant libre-échangiste convaincu, il était le premier à demander que le pays se rendit compte des conditions nouvelles créées par la guerre, et annonça qu’il se proposait de réunir un comité, où seraient représentées, avec la Grande-Bretagne et l’Irlande, les Colonies et l’Inde, en vue de déterminer, à la lumière des résolutions de Paris, la politique commerciale à adopter par l’Empire britannique après la guerre.

Ce que sera cette politique, nul ne peut l’affirmer. Sans doute sera-t-elle ce que la feront, d’une part, les conditions générales de la victoire de l’Entente, de l’autre, les tendances économiques des Puissances alliées comme celles aussi des Puissances ennemies. L’opinion anglaise sait que si l’Angleterre veut conserver demain sa suprématie économique dans un