bureaucratie, y prospèrent, y pullulent, s’en font un État dans l’État. Cette prédominance de l’élément juif explique en partie l’action germanisatrice de la bureaucratie, car, dans l’empire des Habsbourg, le Juif est partout un agent de germanisation.
La police est une branche de la bureaucratie ; elle en est la branche la plus caractéristique, la plus dangereuse et la plus méprisable ; elle envahit les compartimens voisins, justice, administration ; elle s’introduit à la Baliplatz et donne à la politique extérieure de la monarchie une allure à la fois bouffonne et sinistre. On doit à son influence les inventions, aussi grotesques qu’infâmes, qui se sont appelées l’affaire Prochaska, le procès d’Agram, le procès Friedjung, le procès de Banjaluka, et tant d’autres affaires du même acabit où se révèlent cyniquement l’activité malfaisante de la police et ses accointances étroites avec la diplomatie des Aehrenthal et des Porgasch. La honte en rejaillit jusque sur l’Empereur qui, sans doute, n’a pas connu le détail des moyens mis en œuvre, mais qui a certainement approuvé le dessein et l’objet. Le rôle de la police lors de l’attentat de Sarajevo ne sera sans doute jamais tiré au clair ; il est pour le moins suspect. En n’accusant la police politique que d’une prodigieuse négligence, on fait preuve de modération. La joie indécente de toute la bureaucratie devant les deux cadavres établit tout au moins une complicité morale. — La police, en Autriche, n’est pas seulement un organe de répression ; c’est un organe de gouvernement, l’intermédiaire par lequel s’exerce l’absolutisme réel de la Couronne. La police autrichienne est, en général, sans brutalité, mais on retrouve partout son action ténébreuse ; elle contrôle toute la vie publique et la vie sociale et fait peser, partout et sur tous, un espionnage déprimant, un arbitraire démoralisant. Elle n’a pas changé depuis Metternich ; elle est encore non pas la servante mais l’inspiratrice, la maîtresse de l’organisation judiciaire à laquelle elle dicte ses sentences ; elle sait toujours, comme au temps où elle sévissait en Lombardie, trouver des griefs contre les innocens qui lui déplaisent et organiser des procès « amalgames » comme ceux qui sont actuellement intentés aux plus notoires des Tchèques et des Slaves du Sud. L’Autriche s’est fait une spécialité de ces procès politiques dans lesquels l’absence de tout fondement à l’accusation n’empêche pas l’odieuse rigueur des condamnations. Par