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repos de la sienne. Elle finira pourtant par l’atteindre ; et, pendant plusieurs années, il sera voué aux plus lamentables aventures, errant ou prisonnier tour à tour, indigent, taxé de folie, persécuté, coupable aussi ; car il descendra très bas, quoique protégé contre les chutes les plus abjectes par la générosité de sa nature et les réactions intermittentes de son honneur chrétien ; enfin, un jour il disparaîtra ; l’on apprendra qu’il s’est réuni à quelques pauvres trappistes reconstitués dans les montagnes des Hautes-Alpes ; et c’est là que ses jours s’achèveront dans la pénitence et dans la paix. ;


VII

Dès le début de 1793, plusieurs questions mirent le clergé constitutionnel aux prises avec la société séculière : d’abord celle du divorce, puis celle de l’état civil, enfin celle du mariage des prêtres, la seule dont on veuille s’occuper ici.

L’Église catholique avait, depuis de longs siècles, au moins en Occident, imposé le célibat comme règle aux clercs engagés dans les ordres sacrés. La loi de l’Etat confirmait la loi religieuse ; d’ailleurs, la législation de l’ancien régime ayant laissé aux ministres du culte le soin de recevoir le consentement des futurs époux et d’en dresser acte, l’antique discipline n’eût pu être méconnue que si l’autorité ecclésiastique elle-même se fût prêtée à la violer.

Quand le décret du 13 février 1790 eut aboli les vœux monastiques, les plus hardis des novateurs jugèrent que, si la société civile avait le droit de condamner comme contraires à l’ordre public les engagemens perpétuels, elle avait pareillement le droit de réprouver, comme contraire à la nature, le célibat ecclésiastique. Le 27 septembre 1790, l’abbé Cournand, ancien oratorien, formula, sans succès d’ailleurs, à l’assemblée du district de Saint-Etienne-du-Mont, une proposition en faveur du mariage des prêtres. La question se posa deux mois plus tard aux Jacobins, mais sans qu’on la discutât. Dans l’Aube, le 27 janvier 1791, l’abbé Dubourg, curé de Saint-Benoit-sur-Seine, développa la même thèse à la Société des Amis de la Constitution de Troyes.

Que ferait l’Assemblée constituante ? Dans les papiers de