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Il y a ceux qui se plongent dans leur indignité. Ils sont hideux. Il y a d’abord les quatre évêques régicides : Gay-Vernon, le futur défenseur de Carrier ; Lindet, le récent apologiste des massacres de Septembre ; puis Huguet et Massieu, ces terroristes de demain. Il y a les hommes publiquement débauchés comme Dumouchel à Nimes ; les blasphémateurs extravagans comme Pontard à Périgueux ; les ennemis déclarés de leurs propres diocésains, comme Torné à Bourges, qui se vantera un peu plus tard « d’avoir mis dans le département du Chérie culte en parfait état de réclusion. » Au-dessous, il y a la horde des vicaires épiscopaux ; puis le troupeau des curés qui, déjà, s’effondrent dans la peur ou la luxure, se déshonorent avec rage et proclament leur reniement comme d’autres leur foi.

Tout à l’inverse, on voit les bons remonter vers Dieu.

On pourra bientôt les reconnaître à leurs actes. On peut déjà marquer ceux des évêques qui se distinguent par la régularité de leur vie, leur savoir, leur bienfaisance : tels sont — à Rouen, Gratien, laborieux, instruit et, quoique très engagé dans le gallicanisme, de foi non suspecte ; — à Amiens, Desbois de Rochefort, ancien curé de Saint-André-des-Arcs, fort travaillé de philosophisme, mais renommé entre tous pour sa charité ; — à Sedan, Philbert, ancien lazariste comme Gratien, homme excellent, orateur persuasif qui, dit-on, n’a prêté serment que par considération des maux de l’ancienne Église et dans l’espoir d’y porter remède. Qu’on descende vers l’Est. Dans la Haute-Saône, Flavigny, ancien curé de Vesoul, est irréprochable dans ses mœurs, pieux jusqu’à la dévotion ; riche, il a mis ses richesses au service des pauvres, et ses diocésains ne lui reprochent guère que la Constitution civile acceptée. Dans le Jura, Moïse, ancien professeur au collège de Dôle, janséniste de doctrine, acerbe de tempérament, porte en lui un double orgueil, celui de son humble origine, celui de son rang épiscopal ; et il trouve, dit-on, un plaisir égal à étaler sa croix d’or et à découvrir avec ostentation ses souliers ferrés ; mais nul ne conteste sa science profonde, son intégrité, sa droiture ; et il est aussi digne d’inspirer l’estime qu’inhabile à conquérir les cœurs. Dans le Midi, l’Eglise constitutionnelle ne laisse, pas que d’avoir quelques représentans très autorisés. A Digne, Jean-Baptiste de Villeneuve-Esclapon, ancien curé de Valensole, l’un des rares gentilshommes ralliés au schisme, est zélé,