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L’amiral voyait ainsi se réaliser ses craintes, et les événemens montraient de plus en plus comme un repos de trois semaines ou d’un mois, loin du front, eût été nécessaire pour reconstituer la brigade. L’imminence du danger ne le permettait pas. Tout avait dû être improvisé par Foch dans cette longue « course à la mer » où il lui fallait gagner de vitesse les troupes allemandes qui opéraient le même mouvement d’extension et remontaient depuis un mois vers le Nord pour s’ouvrir une route sur Calais par Arras, Ypres, Dixmude ou Nieuport. Nulle part, grâce aux habiles dispositions du commandement, ces tentatives de percée ne réussissaient, ou elles n’aboutissaient qu’à des gains dérisoires ; mais Foch n’avait pas trop de toutes nos poitrines pour les repousser.

La prise de possession du nouveau front des fusiliers s’était effectuée sans incident. La 42e division d’infanterie, en gagnant ses nouvelles positions, avait laissé provisoirement sur place ses élémens de première ligne et les quatre batteries[1] défilées à Pypegaale et autour de Zuydschoote ; le 3e bataillon du 2e régiment (commandant Mauros) releva ces élémens dans la nuit du lendemain, et le chef d’escadron Leguineau, commandant l’artillerie de la 89e division territoriale, releva les batteries le jour suivant[2]. De son côté, l’amiral installa son état-major à Nouvelle-Campagne[3] et son quartier général à Ostvleteren, avec les ambulances de la brigade. Tout cela s’exécuta le mieux du monde et à la barbe même de l’ennemi qui se montrait de plus en plus accommodant. À peine s’il troublait par quelques volées de shrapnells l’installation du réseau téléphonique ou les travaux de réfection que faisait entreprendre l’amiral sur la route de Zuydschoote à Steenstraete, qui n’était plus qu’un chapelet de lacs fangeux. Or cette route était empruntée toutes les nuits par les corvées et les relèves. D’où les accidens les plus

    nuit…, mais je suis paré ; me voici au cantonnement. Le docteur Le Marc’hadour est aussi malade de cette diarrhée-entérite. » (Lettres du commandant Geynet des 12 et 13 décembre 1914.)

  1. Trois de 75, une de 90.
  2. Un groupe de 90 fut défilé à l’Ouest de Pypegaale, une batterie de 90 au Sud du moulin dito, deux batteries de 90 au Sud du moulin de Zuydschoote. À ces élémens s’ajoutait la présence d’une batterie lourde de 120, placée à l’Est de Inden Cockuit-Kabaret.
  3. Auberge sur le chemin de Wœsten à Zuydschoote, à 1 000 mètres au Nord-Est de la première de ces localités, où était installé précédemment l’état-major de la 42e division.