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sacrifice en est fait : pour un sous-marin de perdu, combien de navires ennemis auront été coulés !

Est-ce tout, du moins ? Non pas. L’engin de plongée se prête à d’autres combinaisons. Il y a peu de semaines encore, il se révélait « sous-marin de bombardement, » envoyant à deux reprises des projectiles sur le paisible port de Funchal de Madère où il prétendait détruire les relais de câbles télégraphiques et la station de T. S. F.

Il faut donc s’attendre à des ravages sur nos côtes, à des ravages d’autant plus sensibles au point de vue de l’effet produit sur l’opinion, que l’ennemi, si bien armé qu’il puisse être, n’ira pas se heurter aux « fronts de mer » de nos arsenaux ni de nos grands ports de commerce, mais qu’il se réservera pour les ports de moyenne importance, pour les ports de pêche, pour les stations de bains même, — puisque aussi bien tuer des femmes, des enfans, des infirmes, cela rentre tout à fait dans sa méthode d’intimidation.

En somme, toutes les localités côtières dont l’organisation défensive ne saurait être poussée au-delà d’une simple surveillance générale et de la mise en jeu de quelques pièces, mobiles ou fixes, installées et servies avec des moyens de fortune, peuvent être directement menacées.

Ajouterai-je que, du moins en ce qui touche les franges littorales relativement voisines de l’Allemagne, en Angleterre et en France, il convient de prévoir dès maintenant une action conjuguée des engins de plongée et des appareils aériens de l’ennemi ? Les Allemands viennent d’étudier pratiquement les moyens de réaliser cette dangereuse combinaison d’efforts dans le blocus qu’ils ont imposé aux côtes du Sud de la Norvège, tenu par des zeppelins et des sous-marins en même temps que par des escadrilles de grands torpilleurs ; et tout dernièrement ils employaient un dirigeable et un submersible à convoyer, du Varangerfjord, — par-delà le Cap Nord, — au Cattégat, le grand paquebot Prinz Friedrich Wilhelm qui se glissait tout le long du littoral dans les eaux norvégiennes, dont la neutralité était ainsi nettement violée par la mise en jeu combinée d’instrumens militaires prenant pour base ce littoral même.

On peut très bien concevoir l’apparition brusque, devant un port peu ou point défendu, d’une division de deux ou trois