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LETTRES DE GUERRE


I. — LES LETTRES DE GUERRE DE P.-MAURICE MASSON

En rendant hommage ici même, au lendemain de sa mort glorieuse, à Pierre-Maurice Masson, ce jeune maître dont la Sorbonne s’apprêtait à accueillir les belles et savantes thèses, courageusement achevées dans les tranchées, et auquel l’Académie française a récemment décerné le « grand prix de Littérature, » nous exprimions le vœu que l’on publiât ses admirables lettres du front. Ce vœu a été entendu, et on lira plus loin quelques-unes de ces lettres de guerre, choisies parmi beaucoup d’autres. On en goûtera, je crois, la perfection littéraire. Et surtout on verra dans ces pages, écrites au jour le jour, en courant, sans le moindre souci de la publicité, l’un des plus beaux documens que nous possédions encore sur les dispositions morales de ces jeunes Français que la guerre, brusquement, a transformés en soldats.

Soldat, Maurice Masson l’est de tout son cœur. S’il a pu souffrir, au début, de certains contacts un peu rudes, et d’un genre de vie auquel il n’était guère habitué, bien vite, et le sentiment du devoir aidant, il s’est acclimaté à son existence nouvelle. Il apporte aux choses de son métier la scrupuleuse conscience qu’il apportait à toutes ses occupations professionnelles, et l’on aurait eu quelque peine, au premier abord, à reconnaître dans ce parfait « poilu, » si bien versé dans l’art des « tranchées de flanquement, » l’élégant et spirituel biographe de Madame de Tencin et de Jean-Jacques Rousseau.

Mais il était de ceux que le métier, fût-ce le métier