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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Aux approches de Noël, de ce Noël dont le retour émeut l’âme à la fois farouche et sentimentale de l’Allemagne, troublée profondément, en sa misère présente, au souvenir des jours heureux, le chancelier de l’Empire, M. de Bethmann-Hollweg, a laissé tomber sur le monde désolé une parole qui, sincère et honnête, eût pu être grande : la paix. Mais, prononcée avec l’accent qu’il y a mis, précédée d’avertissemens et accompagnée de gloses qui rendent impossible de l’entendre, elle ne saurait être ni honnête ni sincère ; elle est d’avance condamnée à demeurer vaine ; méprisable, comme un mensonge et comme une profanation, car jamais il n’a été dit : « Paix sur la terre aux hommes de mauvaise volonté, » aux hommes de mauvaise conscience et de mauvais desseins. Ainsi que celui qui, de ville en ville, fuyait la malédiction, ils s’en vont répétant : « La paix ! » et ce n’est point la paix. Ce n’est encore qu’une manœuvre de guerre, une de plus ; un mouvement combiné de la stratégie allemande et de la diplomatie allemande, qui ont, il faut le reconnaître, cette force qu’elles adhèrent et en quelque sorte collent l’une à l’autre, se servent et se complètent réciproquement. Qu’on se rappelle d’abord les précédens, la préparation lointaine, les déclarations antérieures de M. de Bethmann-Hollweg, ses discours du mois d’août et du mois de décembre 1915, du mois d’avril et du mois de juillet 1916 ; les discours de M. Scheidemann et des autres chefs de parti, désignés, par un consentement tacite, pour être tout ensemble les hommes de confiance des groupes auprès du chancelier et les hommes de confiance du chancelier auprès des groupes ; les conférences officieuses, et du reste arrêtées net, sur « les buts de guerre » de l’Allemagne ; d’autres conférences, organisées soi-disant en réponse