conseiller municipal et président de la Commission extra-scolaire de Pétrograd. On engage au théâtre de la Maison du Peuple Nicolas II les plus grands artistes et les places y sont trop chères pour le peuple. En été, un public spécial envahit ses jardins et il n’y est plus guère question de lutte contre l’alcool. De ce côté, on a fait fausse route et tout est à refaire.
Si je signale chez nos amis cette erreur de direction qui sera d’ailleurs certainement réparée, c’est afin de nous mettre nous-mêmes en garde et de montrer que les meilleures réalisations peuvent être faussées dans leur essence.
— Depuis des années déjà, reprend M. Grégorieff, nous avons entrepris l’éducation anti-alcoolique du peuple dans notre capitale. Mais les difficultés, pour être d’un autre ordre que celles auxquelles on se heurte dans les campagnes, ne sont pas moins grandes. Ici, nous avons affaire à la police habituée à tout suspecter, et la rassurer n’est pas une mince besogne. Il y a environ dix-huit mois, l’Hôtel de Ville de Pétrograd a organisé pour le peuple des concerts, des matinées, des cinémas, des excursions dans les usines, des expositions, etc. ; jusqu’ici les permissions nécessaires à la réalisation de notre programme n’ont pu être obtenues. La Commission d’éducation extra-scolaire, dont je suis président, a organisé des cours et des conférences ; la Douma les a autorisés et a voté pour les cours une allocation annuelle de 150 000 roubles ; mais nous avons rencontré mille obstacles et notre projet a dû être ajourné.
« Pendant ce temps, l’Hôtel de Ville de Moscou, se fondant sur le rapport de l’Hôtel de Ville de Pétrograd, a ouvert deux Narodné-Dom, parfaitement organisées et qui fonctionnent déjà. Nombreuses sont à Pétrograd les associations d’ouvriers ayant pour but de s’entr’aider et de lutter contre l’alcoolisme : la police a réussi à les rendre suspectes et le gouvernement les a dissoutes.
« Après l’oukase du Tsar, le gouvernement s’est trouvé en contradiction avec lui-même. Alors, le ministre de l’Instruction publique, comte Ignatieff, a compris la nécessité de donner au peuple une éducation rationnelle. Il a permis l’ouverture de toutes les sociétés destinées à remplir ce but. La police a réussi à empêcher l’exécution de ce décret.
« Les sociétés officielles contre l’ivrognerie, comme la Narodné-Dom, ont été organisées vers 1899 sous l’influence du