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ce paquebot est d’assez fort tonnage, — l’emploi d’une route détournée au large et l’organisation rationnelle de la protection aux atterrages, au départ et à l’arrivée.


Descendons maintenant dans l’Atlantique moyen.

Que ce vaste champ d’action qui, il y a un an encore, paraissait interdit aux plus grands submersibles allemands, soit parcouru, sinon, certes ! « occupé » par les types les plus nouveaux descendus des chantiers de Schichau, de Vulkan, de la Germania (filiale de l’usine Krupp), etc., c’est ce dont il n’est plus permis de douter depuis l’apparition du Deutschland et de l’U53 sur le littoral des Etats-Unis. Bien mieux, au moment où j’écris, on signale de Washington au gouvernement mexicain la présence de sous-marins allemands dans la mer des Antilles. Ces navires de plongée auraient pour mission spéciale « découper les Anglais de leurs communications avec les centres pétrolifères du Mexique et du Texas. » Et le New York Herald, bien renseigné sur ces questions, ajoute : « les bateaux-réservoirs, que personne n’inquiétait jusqu’ici dans l’Atlantique, vont être guettés à leur sortie des ports du golfe du Mexique. »

Ce n’est pas tout. D’après les télégrammes arrivés du Portugal, de l’Espagne, de Tarifa, de Ceuta, entre le 15 et le 20 novembre, il y aurait une véritable croisière de sous-marins allemands parfaitement organisée, depuis les Très Forças du Maroc[1], jusqu’au Cap Finistère, en passant par le détroit de Gibraltar, en dépit de l’incessante surveillance des Alliés, des Anglais, en particulier. On cite, entre autres pirates, les U49 et U 50) qui ont déjà coulé plusieurs navires anglais, italiens et grecs. Peut-être sont-ce ces unités qui viennent de détruire la Surprise et de bombarder Funchal de Madère.

Cette croisière pousse d’ailleurs jusque dans le golfe de Gascogne et se relie, dans la Méditerranée, à celle des submersibles allemands et autrichiens qui s’appuient sur Cattaro et Pola.

On sait enfin que les atterrages d’Irlande et les parages des deux Soles (grands bancs à l’Ouest de la Manche) sont

  1. C’est le nom du promontoire qui termine la longue presqu’ile au flanc de laquelle s’élève le « préside » espagnol de Melilla. Il y a aux Très Forças de véritables nids de pirates barbaresques, qu’utilisent admirablement les nouveaux pirates allemands : On se rappelle peut-être qu’il y a quelque vingt ans il fut question pour nous d’occuper cette remarquable position maritime. On n’osa pas…