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du 12 au 15 de ce mois. J’ai souffert ces jours-ci de l’humeur que j’ai à la tête. Je suis mieux à présent. Donne-moi de tes nouvelles toutes les fois que tu le pourras, c’est la seule chose qui puisse me consoler d’être si loin de toi. Adieu, mon cher fils, je t’aime et t’embrasse tendrement.

« JOSEPHINE.

« Je m’aperçois, en retournant la page, que je t’écris sur une demi-feuille. Tu vas croire que c’est par économie, mais je ne suis pas encore à ce point de perfection. C’est simplement une méprise. »


Le départ, fixé au 16 juillet, a failli être retardé par une éruption survenue au petit Napoléon, le fils aîné d’Hortense qui est avec elle aux eaux d’Aix-la-Chapelle ; mais enfin Joséphine part, elle passe par Genève où elle s’arrête à Prégny, et malgré les débordemens du Rhône et les odieuses couchées, elle arrive à Milan le 27.


A Milan, ce 28 juillet (1812).

« Je suis arrivée hier à Milan à sept heures du soir, mon cher Eugène, bien fatiguée, mais bien heureuse de me trouver au milieu de ta famille. Auguste est à merveille ; sa santé est si bonne et sa grossesse si belle que cela présage des couches bien heureuses. Je te prie de ne pas t’inquiéter. J’aurai bien soin d’elle. Tes enfans sont adorables, il n’en existe pas de plus aimables. Enfin, mon cher fils, j’attends d’être un peu plus calme pour te bien détailler tout le bonheur que j’éprouve depuis vingt-quatre heures. Il faut qu’il soit bien grand pour avoir oublié que je voyais ta femme, tes enfans et que mon fils était à plus de six cents lieues de moi. Je te quitte, mon cher Eugène, je sens que je vais m’attendrir. Je retourne à tes enfans que j’aime déjà à la folie, tant ils sont aimables pour moi. Adieu encore, mon cher fils, je t’embrasse tendrement.

« JOSEPHINE. »


A peine l’Impératrice était-elle arrivée que, le 31 juillet, la vice-reine mit au monde une fille, — son quatrième enfant, — Amélie-Auguste-Eugénie.