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fils, aurais pu me servir d’intermédiaire pour me faire connaître les intentions de l’Empereur et fixer mon sort.

Je vois avec peine qu’on ne t’a pas dit vrai pour ce qui regarde mes cousins. M. [Niepce][1], qui fait leurs affaires, m’a demandé de répondre pour Louis[2], à l’époque de son mariage, de 60 000 francs, ce que j’ai fait. A l’échéance, j’ai payé la somme entière. Mon intention n’a jamais été de lui en demander le remboursement, mais j’ai été sévère pour M. [Niepce], parce qu’il a une mauvaise réputation et qu’il passe pour faire ses affaires aux dépens de mes cousins, le ministre du Trésor m’ayant averti qu’il disait partout que M. de Tascher lui devait cent mille écus. Pour-Henry Tascher[3], j’ignorais qu’il eût besoin d’argent, le roi d’Espagne lui ayant donné un million à l’époque de son mariage. J’ai payé pour sa femme une parure de diamans de 30 000 francs. Au mois de janvier dernier, j’ai payé pour lui à Le Roy, marchand de modes, un mémoire de 32 000 francs. Quant au plus jeune[4], je lui fais une pension de 6 000 francs. Cette somme doit suffire, étant logé et nourri chez sa sœur, et de plus je paye Halna cent louis qui lui donne des leçons[5]. Je donne mille écus de pension à Sanois[6], 12 000 francs à M. Dugué[7], 3 000 francs à Mme de Copons[8].

  1. Ce M. Niepce, négociant, rue Neuve-Croix, place Vendôme en l’an IX.
  2. Louis Tascher, arrivé en France en l’an X, cousin germain de l’Impératrice, avait été entretenu par elle à l’institution de M. Gay-Vernon jusqu’au jour où il était entré à l’École de Fontainebleau. Sans compter de nombreuses gratifications, il avait reçu de l’Empereur, à dater du 1er vendémiaire an XIV, un traitement de 3 000 francs. Lors de son mariage avec Mlle de la Leyen, il avait été comblé par l’Empereur. (Voyez ci-dessus.)
  3. Henry, frère de Louis, parti le 12 mars 1806 pour Naples, où il s’était attaché à la fortune de Joseph, épousa, le 11 juin 1811, Marcelle-Marie-Adèle Clary, nièce de la reine d’Espagne. (Voyez, à son sujet, la lettre de l’Empereur à Eugène, Lecestre, n° 607.)
  4. Charles-Marie-Rose-Anne Tascher, dit Sainte-Rose, né à Fort-Royal en 1782 ; il recevait de l’Impératrice 150 francs par mois payés à sa sœur Mme d’Arenberg, 50 francs pour son domestique, un louis pour ses menues dépenses, plus 782 francs par trimestre payés à M. Gay-Vernon pour son éducation. Il était défrayé de vêtemens, etc.
  5. L’abbé Halna, qui portait le titre de bibliothécaire, donnait « des leçons d’histoire et de géographie à l’épouse du Premier Consul » et à diverses personnes de sa famille. Helléniste, antiquaire, astronome, orientaliste, professeur de géographie à l’École militaire de Fontainebleau. Il fut à la Restauration chanoine de Notre-Dame et bibliothécaire à Sainte-Geneviève.
  6. Voyez ci-dessus.
  7. En 1808, payé à M. Dugué, pension 14 400 francs. Je ne trouve rien antérieurement.
  8. Françoise-Aimée Desvergers de Maupertuis, fille de Jean Desvergers de Maupertuis, seigneur de Sanois, et de Louise-Elisabeth Duval, mariée à François-Jean-Antoine-Raymond de Copons del Llor, chevalier de Saint-Jean de Jérusalem, président à mortier au Conseil souverain du Roussillon. Il est fort question d’elle dans la correspondance de d’Antraigues.