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nouveaux impôts, en élargissant les cadres de sa circulation fiduciaire, en émettant un emprunt.

Suivant l’ordre adopté par nous pour chaque pays, nous étudierons les mesures prises par nos alliés de la péninsule en ce qui concerne d’abord les émissions de billets, puis la dette flottante proprement dite, enfin la dette consolidée. Nous rappellerons que l’unité monétaire italienne est la lira, équivalant, au point de vue monétaire, au franc français. Les pièces d’or et d’argent sont frappées au même poids et au même titre que les nôtres, en vertu de la convention dite de l’Union latine. Cette identité des monnaies métalliques n’empêche pas les écarts de change de se produire entre les deux pays, du moment où les billets ne sont plus remboursables en or. Actuellement, la lira perd environ 13 pour 100 de sa valeur par rapport au franc : elle oscille aux environs de 87 centimes.

La circulation fiduciaire italienne est double ; elle émane en partie des trois instituts d’émission : Banque d’Italie, Banque de Naples, Banque de Sicile, qui tiennent de la loi de 1893 le privilège d’émission. L’Etat émet les petites coupures de 10 et de 5 lire, les banques celles d’un montant plus élevé. Au 31 août 1916, le total des billets émis directement par le Trésor était de 1 200 millions de lire. La circulation des Banques elles-mêmes était en partie destinée à fournir des avances au gouvernement ; la limite en avait été élevée par des décrets successifs ayant pour objet précisément de procurer des fonds au Trésor. Cette circulation bancaire dépasse aujourd’hui4 milliards. Remarquons à ce propos que, durant la guerre, le pouvoir exécutif a reçu du Parlement italien le droit de prendre toutes les mesures nécessaires à la bonne conduite des affaires : c’est grâce à cette sage disposition que le Conseil des ministres a pu faire signer par le lieutenant général du royaume, remplaçant le Roi, qui est au front, des séries de décrets réglant toutes les questions économiques : emprunts, circulation, impôts.

L’Italie a eu l’énergie de mettre déjà pour 600 millions de taxes nouvelles, gageant ainsi amplement non seulement les emprunts déjà contractés par elle, mais une partie de ceux qui se préparent.

La dette flottante a fourni son contingent de ressources. Le Trésor a émis à la fois des bons à courte échéance et aussi des bons à 3 et à 5 ans. Les bons à court terme émis actuellement