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ON CHANGERAIT PLUTÔT
LE CŒUR DE PLACE…[1]

DERNIÈRE PARTIE[2]


IV

De gais appels se répondent sur l’échiquier des tennis sablés. La paix, depuis si longtemps !… On bâille. On dénigre. On spécule. Plus de vierges folles que de vierges sages… On voyage. Aux tables des hôtels, que de gens venus de partout, des gens à teint blanc, à teint jaune, à teint gris, toute l’Europe, toutes les Amériques ! Sur les routes, la poussière des automobiles. Sur les villes, la fumée des fabriques… On travaille et l’on s’amuse. On gagne beaucoup d’argent. Dans la lassitude, dans le luxe, la bête, souvent, montre ses griffes. Elle les rentre… Derrière leurs volets clos, les gens timides disent que le monde vit trop vite, que ça donne le vertige. Ici ou là, sous le toit des mansardes, des philosophes écrivent des choses effrayantes dont on rit. Le mot moderne n’est-il pas le remède à toutes les maladies ? Peut-il arriver malheur à ce qui est moderne ? On dit donc : style moderne, femme moderne, religion moderne, idées modernes, chic moderne, confort moderne…

  1. Copyright by Payot, 1916.
  2. Voyez la Revue du 15 octobre, 1er  et 15 novembre.