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L’EFFORT FINANCIER ANGLAIS

Il est digne d’être étudié. Si tout n’y est pas à louer, chacun des pays alliés peut du moins en tirer de sages leçons, des enseignemens virils, avec l’occasion de procéder à quelques-uns de ces retours sur soi-même, qui n’auront peut-être rien de flatteur pour l’amour-propre national, mais ne resteront pas, Dieu le veuille ! inutiles. Ne croyons d’ailleurs pas qu’il y ait là, pour nous Français, un exemple à suivre aveuglément, un modèle à imiter sans réserve. Le modèle en un sens est inimitable, ou du moins les conditions du problème sont chez nous trop différentes pour que l’exemple puisse être appliqué sans être interprété. Il faut le dire : la France et l’Angleterre ne sauraient être mises en parallèle au point de vue des finances de guerre. Rien ne serait plus faux et plus vain que de vouloir établir ici une téméraire assimilation. Nous en verrons bien des raisons. Qu’il nous suffise de constater que l’Angleterre n’a connu ni l’horreur de l’occupation ennemie, ni la commotion brusque d’une mobilisation générale, tandis que la France a, depuis deux ans, neuf départemens envahis, trente classes sous les drapeaux, la plupart des sources vives de sa richesse momentanément amoindries. Et c’est ce qui permettait à notre éminent ministre des Finances de proclamer naguère au Parlement : « La charge de cette guerre pèse surtout sur la France, je le dis à son honneur et à sa gloire. »


I

Autre différence entre nos voisins et nous : à la veille de la guerre, la situation budgétaire de la France était gênée, du fait des fautes passées de nos gouvernails, de cette coupable