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avec une grâce extrême, et les éloges que méritaient son application et son zèle. C’était huit jours après Essling, l’avant-veille de la mort de Lannes.


Strasbourg, le 3 juin 1809.

« J’ai reçu, mon cher Eugène, tes deux lettres et la proclamation qui y était jointe. Je savais que tu étais arrivé à Ebersdorf le 29 et que l’Empereur t’avait reçu avec bonté. Je n’ai pas perdu un moment pour le faire savoir à Auguste. Elle a mis tant d’exactitude à me donner de tes nouvelles, c’est une dette dont je m’acquitte avec plaisir. Tu as raison, mon cher fils, de penser que je suis heureuse de ta joie. Je la partage aussi tendrement que je partageais tes inquiétudes. Tu as maintenant le bonheur d’être sûr que l’Empereur est content de toi. Ton cœur y trouvera une récompense et un encouragement. Profite des momens où tu es près de lui pour savoir ce qui aurait pu lui déplaire dans ta conduite. Une fois averti, ce sera ta règle pour l’avenir. Je compte aller à Plombières la semaine prochaine. Ta sœur y viendra avec moi[1]. Je désire vivement la fin de la campagne. J’espère qu’alors je pourrai t’embrasser et que la longue route que tu as faite ne sera pas toute perdue pour moi. Auguste m’a mandé qu’elle serait heureuse d’aller à Munich, si nous pouvions y être tous réunis. Si tu en trouves l’occasion, témoigne à l’Empereur combien je désirerais le rejoindre. Adieu, mon cher Eugène, écris-moi souvent et pense à une mère qui t’aime tendrement.

« JOSEPHINE.


« J’ai aujourd’hui des nouvelles de ta sœur ; elle va très bien, je l’attends demain.

« Je reçois à la minute une lettre de l’Empereur. Elle m’annonce la mort du duc de Montebello. Sa femme est passée ici le 31 se rendant à Vienne. Si elle y est arrivée, je désire qu’elle sache combien je prends part à sa douleur. »


FREDERIC MASSON.

  1. L’Impératrice ne partit que le 11 juin pour Plombières où la reine Hortense l’avait précédée de quelques jours.