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de ma migraine, mais je suis mieux aujourd’hui. La santé de l’Empereur est très bonne, malgré la fatigue qu’il se donne. Il vient de rouvrir la campagne par de nouveaux succès, comme tu l’auras vu par les copies que je t’ai fait envoyer hier. J’attends avec impatience des nouvelles de ta femme et de mon nouvel enfant. Je regrette bien, mon cher Eugène, de ne pouvoir être auprès d’elle et de toi dans un moment aussi intéressant, mais je te recommande d’avoir du courage. Les soins de Mme Frangeau et son expérience doivent te rassurer, il faut que ta femme suive exactement tous ses avis. Je t’engage aussi de nouveau à écrire à l’Empereur pour lui témoigner combien tu serais heureux qu’il voulût bien donner son nom à ton enfant ou qu’il te fasse connaître ses intentions. Adieu, mon cher fils, j’embrasse ma chère Auguste, et je l’aime tendrement.

« JOSEPHINE. »


Voici la lettre par laquelle elle annonce la bataille d’Eylau. L’écuyer Corbineau, qui y fut tué en portant un ordre de l’Empereur, était l’ainé de ces trois frères, également héroïques, qui furent particulièrement distingués par Napoléon. Ils étaient fils d’un inspecteur général des haras, et l’on peut croire que ce fut le général d’Harville, si lié avec Joséphine, qui introduisit près d’elle son filleul et ancien aide de camp. Claude-Louis-Constant-Esprit-Juvénal-Gabriel. Quant à Dahlmann, fils de soldat, enfant de troupe de Dauphin-Cavalerie, il était entré en messidor an IV dans les guides de Bonaparte où il avait été promu sous-lieutenant en l’an V et où il avait fait tous les grades jusqu’à celui de général. De là avec Eugène, jusqu’au départ de celui-ci pour l’Italie, une habitude de chaque instant.


Paris, ce 25 février (1807).

« Un officier que tu connais et qui va être employé près de toi, me procure l’occasion de t’écrire, mon cher Eugène. J’en profite avec bien du plaisir. Il me tarde d’apprendre que ma chère fille est accouchée. Cette bonne nouvelle ne peut m’arriver trop tôt et je compte que tu m’enverras un courrier. Recommande-lui de faire diligence. Je connais tes craintes, moi je n’en ai aucune, et je suis sûre que tout ira comme je le désire. Tu auras appris par les journaux la nouvelle victoire de l’Empereur ; comme il n’est arrivé qu’un exemplaire du bulletin pour