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absence de dix jours que j’ai faite. J’ai beaucoup de plaisir à t’apprendre cette nouvelle parce que je suis certain du bonheur que tu éprouveras à avoir un petit enfant de plus. » Auguste, par une lettre du 23 juillet, confirme « la certitude qu’elle a d’être grosse. » Elle accouche, le 14 mars 1807, à Milan, d’une fille appelée Joséphine, sur un ordre de l’Empereur, en date d’Osterode le 27 mars. Cette fille, Joséphine-Maximilienne-Eugénie-Napoléone, créée princesse de Bologne le 29 décembre 1807, duchesse de Galliera, épousa en 1823 Oscar 1er, roi de Suède et de Norvège, fils de Bernadotte, et mourut le 7 juin 1870.


S. d. (14 avril 1806).

« Le plaisir que j’avais éprouvé, mon cher Eugène, en apprenant les nouvelles de la grossesse de ta femme vient d’être troublé par les inquiétudes que tu parais avoir sur sa santé. Tu ne saurais l’engager à prendre trop de ménagemens. Rassure-la surtout sur les motifs qui paraissent l’affecter au sujet du décret rendu par l’Empereur[1]. Dis-lui que ses craintes ne sont pas fondées par la raison qu’il ne concerne que les enfans qui, par succession, peuvent de droit monter sur le trône de France. Sois persuadé, mon ami, que la mélancolie qui la domine momentanément tient à son état et ne doit pas t’affliger. Cependant, comme elle pourrait prolonger ses souffrances, tu dois chercher par tous les moyens possibles à l’en distraire. Ne te livre pas tant à l’étude, aux affaires ; cherche les moyens de la dissiper. Son bonheur étant le premier vœu de ton cœur, c’est assurer en même temps le tien que de t’occuper du soin de la rendre heureuse, et je m’en repose sur toi. Nous avons été à Grignon[2], chez le maréchal Bessières, pour amuser aussi nos jeunes mariés. Ils paraissent fort contens l’un de l’autre et je remarque que le prince de Bade s’occupe de sa femme, la soigne, et j’espère que ce mariage sera heureux. Nous avons passé la soirée à jouer à de petits jeux. L’Empereur a bien voulu se joindre à nous et nous arrivons tous à Saint-Cloud gais et bien portans. Je voudrais, mon bon Eugène, que tu m’en donnes d’aussi

  1. Les dispositions du Statut impérial du 30 mars 1806 réglant l’état civil et la discipline de la Famille impériale.
  2. Pour le voyage à Grignon, voir la Lettre de l’Empereur de même date. (Corr., n° 10 099.)