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pour monter ou descendre, il faut expulser une certaine quantité d’eau des water-ballasts, ou, au contraire, leur en ajouter, ce que l’on fait au moyen de pompes et de vannes commandées électriquement, ou autrement, et dont les manettes sont sous l’œil du commandant. Des manomètres soumis à la pression de la colonne d’eau sus-jacente indiquent à chaque instant la profondeur atteinte.

La montée ou la descente du bâtiment non plus immobile, mais en marche, est encore plus curieuse. La manœuvre et ses organes sont presque les mêmes ici que dans l’aéroplane. L’oiseau artificiel qui se soutient dans l’air, le poisson cuirassé qui se maintient sous la mer se trouvent avoir je ne sais quelles affinités qui les font semblables et symétriques de part et d’autre de la surface du sol. Les pôles aussi sont à l’opposé l’un de l’autre, et pourtant ils sont semblables.

De même que l’aéroplane est plus lourd que l’air et ne s’y tient en équilibre que par sa vitesse qui l’empêche de tomber au sol, ainsi que je l’ai expliqué naguère, de même le submersible ou le sous-marin en marche est équilibré par son commandant, de manière à être plus léger que l’eau, et sa vitesse seule l’empêche de remonter à la surface. On obtient ce résultat grâce à des ailerons placés de part et d’autre de la coque légèrement inclinée le haut vers l’arrière, de même que, symétriquement, les ailes d’avion sont inclinées le haut vers l’avant, et qui reçoivent de l’eau en mouvement une poussée qui tend à les faire enfoncer. Si, pour une cause quelconque, le bâtiment s’arrête, la poussée descendante ainsi produite sur les ailerons est supprimée, et le navire remonte automatiquement à la surface. La sécurité ainsi obtenue est encore augmentée grâce à de puissantes pompes d’épuisement qui permettent, en cas de besoin, de vider rapidement les caisses à eau, grâce encore à des plombs de sûreté fixés au-dessous de la coque et qu’une manœuvre simple permet de détacher au besoin. Malgré la triple cuirasse de ces dispositifs de sécurité, plus d’un de nos submersibles est, hélas ! dès le temps de paix, resté au fond des abysses océaniques avec son précieux chargement de jeunes vies ensevelies. Mais le péril toujours suspendu sur les courages les couronne d’une auréole, et les sensations et les heures sont multipliées par le frôlement humide du danger dans ces nefs d’acier, cercueils d’héroïsme parfois, vases toujours parfumés de beauté morale et de tranquille sacrifice.

Quant à la gouverne dans le sens latéral dans le plan horizontal, elle s’y fait comme dans les autres navires, comme dans les